T'y vas ou j'y vais?

Coucou chéri.
C'était bien hier soir. On a couché Aaron, il s'est endormi tout seul sans un mot, on avait plus qu'à préparer nos croque-monsieur en amoureux dans la cuisine. Un tour de portable, une clope à la fenêtre le temps que le fromage fonde et que ça gratine un peu. Aller dans notre chambre avec nos plateaux TV, se caler en pyjama sous la couette alors qu'il est même pas 21h00 et se mettre devant le final de notre série d'ado Vampire Diaries. C'est devenu nul mais on l'aime quand même cette série, on avait commencé à la regarder dans notre ancien appart à Paris, pas mariés et sans enfant, c'est un peu notre truc de "jeunes". Ça rappelle le bon vieux temps, les séries qu'on regardait toute la nuit à l'époque du lycée, et qu'on débriefait le lendemain entre deux cours.
Bref, on était super bien, posés, toi, le baby-phone, et moi. Le bonheur.
Se promettre de pas se coucher pas tard. Toi qui t'endors malgré toutes les lumières allumées et le bruit que je fais. Moi qui traîne encore un peu et capitule. J'éteins tout, il est minuit, je ferme les yeux.

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Cri effroyable, réveil en trombe. 1h56.
T'y vas, ou j'y vais? 
Je ne sais plus lequel de nous deux se lève, va lui remettre la tétine, et revient se coucher. Mais pour la première fois depuis un moment, la tétine ne suffira pas. Les bras et les caresses sur le visage non plus.
Rien ne marchera pendant plus de deux heures. Tu y vas, tu l'endors au bras. C'est ta spécialité, dans tes bras il s'abandonne direct, ça marche à tous les coups.
Pas cette fois. Cette fois dès que tu le poses, il se réveille. On le retrouve debout accroché aux barreaux avec des vraies larmes. Tu en es à ta 4ème tentative. Les minutes passent, ça fait une heure que ce cirque a commencé. Une heure d'aller-retours, à le bercer, le recoucher et l'entendre pleurer au moment où tu passes la porte de notre chambre.
Quand on entend ces cris qui nous arrachent à notre couette, on est tenté de lui en vouloir. C'est des caprices, pourquoi il nous fait ce coup-là, pourquoi ce soir, allez Aaron, il faut dormir maintenant, on est tous fatigués. 
T'y vas, ou j'y vais ? 
J'y vais, j'allume la petite guirlande dans sa chambre, je vais le changer.
Je lui souris, il a les yeux ouverts et sourit aussi. Cascade de bisous. Il n'est pas comme ça, je le sais, c'est pas des caprices, il a sûrement mal quelque part, entre sa 8ème dent qui pousse et sa rhino qu'il traine depuis une semaine.
36,1° de température. Oublié le doliprane, bonjour les couvertures.
Il est 4h00, personne ne dort, mais c'est pas grave, après tout, c'est la vie. C'est reparti pour un tour, je berce, je berce... Il s'agite, on est dans la pénombre mais je vois ses yeux entrouverts grâce à la lumière jaune des lampadaires dehors, puis un moment, je le sens plus lourd, plus serein, il s'est rendormi, pour de bon. Je sais qu'il t'a fait le même coup, tu y as cru 4 fois avant moi et ça a échoué, donc je me méfie, je continue de bercer.
Et puis je me suis calmée avec lui, alors finalement on danse, encore un peu, c'est comme un petit slow, et je chante une chanson dans ma tête pour me bercer moi aussi.
Je le recouche et j'attends debout au dessus du lit qu'il se réveille à nouveau. Silence. Je le couvre bien, au bout d'un moment, je tente, je sors.

Gagné.

Quand je suis revenue dans notre chambre, tu dormais mais tu as instinctivement ouvert tes bras pour m'accueillir.  Tu sais chéri, je te l'ai pas dit mais j'étais contente d'avoir réussi. Pour toutes les fois où tu l'as fait pour moi. Il y en a eu beaucoup.
Mais aussi pour toutes les fois où on s'est engueulé comme des chiffonniers, où l'on s'est renvoyé la balle. C'est de ta faute, t'as fait du bruit, t'aurais dû fermer les volets avant, pourquoi tu lui as mis cette gigoteuse-là ? Ces fois où l'on échouait lamentablement, parce qu'on ne comprenait pas qu'il fallait qu'on soit une équipe.
Tout ce qu'il nous restait c'était nos nerfs à bloc, beaucoup de fierté et pas tellement d'amour. On était partis en guerre l'un contre l'autre. Plus d'équipe. Chacun pour sa pomme. Se battre, se culpabiliser, s'éloigner.
Je ne sais pas quand... mais on a fini par s'allier à nouveau. Duo de choc. Supermaman & Superpapa, ensemble dans la lutte contre les réveils nocturnes et les bébés aux cris stridents.
On a remporté à deux ces petites batailles du quotidien qui mettent notre couple à rude épreuve, nous demandent chaque fois un peu plus d'amour, de savoir passer au-dessus, d'oublier les méchancetés qu'on s'est dites, ou mieux, d'arrêter de se dire des méchancetés. Je ne sais pas quand c'était. Mais on a réussi. Cette nuit, une fois de plus.
Je suis heureuse pour ça. Tu comptes sur moi, je compte sur toi. On est là. On se lâche plus. Promis. On l'a fait ensemble, on l'élève ensemble.
Pour le meilleur et pour le pire, comme notre mariage, pas vrai ?

6h30. Aaron chantonne dans sa chambre. Moi j'ai raté mon réveil. Pas grave.
On se sourit. On dormira mieux demain.
T'y vas, ou j'y vais?
Au fait.
Je t'aime. 









Commentaires

bleuazur36 a dit…
Très beau récit on a l'impression d'avoir passé la nuit avec vous !!
Bisous à vous 3
Anonyme a dit…
Une fois de plus des frissons à te lire, vous lire! Bisous à vous 3! Sara
Marine. P a dit…
Hello Delphine,

Je suis nouvelle sur ton blog et je dois te dire que j'adore lire tes articles, ça me transporte totalement!
En fait, je ne suis pas inconnue de ton entourage puisque j'étais à l'école en même temps que David et je connais Cyrille (gavore) depuis plus de 24ans ^^
Ça me fait plaisir de voir que David a trouvé sa perle, d'être marié et d'avoir un bébé! C'est génial, je suis heureuse pour lui et de pouvoir voir cette évolution de vie, on évolue et grandit tous d'une manière différente et ça fait toujours plaisir de voir ce que sont devenus nos camarades de collèges :)
Hors mis ceci, je suis vraiment transportée et scotchée par tes articles qui sont écris avec une très belle plume. J'aime beaucoup ton écriture et la sincérité avec laquelle tu décris cette vie de jeune maman. Je ne le suis pas encore moi même mais ça me prépare à comment envisager cette future étape et avec tous les détails qu'ils soient bon ou moins bon.
En tout cas je ne peux que te souhaiter de continuer ce blog que j'aime beaucoup et je vous souhaite plein de bonnes choses à vous trois, et votre petit Aaron est juste trop chou, un mini David au top avec des facettes de sa jolie maman également :)

Bonne journée à toi,

Marine
gaelle a dit…
J'adore!!! Je me reconnais tellement dans ce que tu dis ;-) Mon petit Lisandru aura 1 an vendredi mais contrairement à toi le papa n'a pas tenu le coup...Pourtant cela faisait 12 ans de vie commune mais un bébé ca change tout ca révèle des personnalité...Au final mon fils m'a sauvé c'est dur de dire ca ...
En tout ca j'adore ton blog c'est tellement vrai tout ce que tu dis mais tellement bien ecrit ;-)

Florence a dit…
Bonsoir
Toujours un grand plaisir de lire tes articles !!
Encore une fois je m'y retrouve tellement, les allers retours les nerfs à blocs et puis on trouve la solution, le "truc" qui fait que ça marche , qu'on est fier de nous!! Le "truc" de la chanson cest mon truc justement ! Merci encore pour le partage ! Bonne soirée à vous trois ! Bravo supermaman et superpapa
Delphine Maarek a dit…
Merci pour ces gentils mots, c est vraiment adorable ! Le monde est petit :)
Delphine Maarek a dit…
Merci beaucoup pour ton message.... Et joyeux anniversaire à Lisandru !!!
Delphine Maarek a dit…
Merci Florence :))
Lucie a dit…
Hello,
j'ai découvert ton blog hier et je l'ai lu de A à Z entre hier et aujourd'hui! Je vais répéter ce que toutes les lectrices te disent: j'adore ton écriture (sans fautes d'orthographe alleluia!) et me retrouve dans beaucoup de tes récits! J'aurai pu commenter chacun d'eux mais j'ai choisi celui-ci car c'est celui qui m'a le plus émue! J'ai une fille de 7 semaines et comme tu dois t'en souvenir c'est une période difficile pour les parents notamment la nuit. Dur de se souvenir qu'avant d'être parents il existait un couple amoureux: les disputes sont fréquentes, les moments à deux inexistants. Cela fait du bien de savoir qu'ailleurs ça n'est pas si différent...et qu'avec le temps le couple reprendra le dessus! :)
Merci pour ta franchise et ton humour, j'attend avec impatience tes prochains post!
Delphine Maarek a dit…
Merci Lucie, ton commentaire m'a beaucoup touchée, et je suis sûre que, comme pour nous, les semaines seront de plus en plus faciles et agreables avec ta fille.. et les nuits moins rudes ! Restez soudés et aussi amoureux...c'est le plus dur mais le plus important aussi. Ravie de te compter parmi les lectrices du blog ! Gros bisous !