Lettre à la future maman que j'étais il y a deux ans
J'aurais voulu avoir tort.
Mais oui, tu auras raison. Ce sera une galère pour le faire garder, même en ayant obtenu l'impossible et rarissime place en crèche. On mettra des heures à organiser nos plannings, on devra adapter notre travail, changer nos horaires, faire des détours. On aura moins d'argent, moins de temps, plus de stress. L'idée de se barrer en week-end sur un coup de tête sera un vieux souvenir. Les vacances, une organisation para-militaire.
J'aurais voulu qu'on me prévienne.
Personne ne m'avait dit que ce serait si dur. Certains biberons la nuit seront presque insurmontables. Certains pleurs insupportables. Parfois, l'espace de quelques secondes tu te demanderas qu'est-ce que t'as fait comme connerie. Avant t'étais bien, tu prenais ton petit dej à midi et tu décidais d'aller au cinéma au dernier moment. T'avais besoin de 5 secondes pour sortir de chez toi. Ton manteau, tes clés et la monnaie pour le pop-corn salé.
On aura jamais le temps, jamais le fric, jamais la force. Mais on s'était dit un truc tout fait, pour se rassurer, "une fois qu'il sera là, on se débrouillera". C'était vrai. D'ailleurs, c'est pas de la débrouille, c'est pire que ça, c'est de la révolte, parce que tout ce qui comptait avant n'a plus d'importance, que le monde se met à tourner dans l'autre sens, que toutes les priorités basculent, la priorité, c'est lui, tout ce que tu fais, c'est pour lui. Avant -dans ton imaginaire- le bébé est un paramètre de ta vie. Quelque chose à gérer en plus. Une fois qu'il est là, tu te rends compte qu'il a juste donné un sens à tout ça. Et que tu n'avais rien compris avant.
Mais oui, tu auras raison. Ce sera une galère pour le faire garder, même en ayant obtenu l'impossible et rarissime place en crèche. On mettra des heures à organiser nos plannings, on devra adapter notre travail, changer nos horaires, faire des détours. On aura moins d'argent, moins de temps, plus de stress. L'idée de se barrer en week-end sur un coup de tête sera un vieux souvenir. Les vacances, une organisation para-militaire.
J'aurais voulu qu'on me prévienne.
Personne ne m'avait dit que ce serait si dur. Certains biberons la nuit seront presque insurmontables. Certains pleurs insupportables. Parfois, l'espace de quelques secondes tu te demanderas qu'est-ce que t'as fait comme connerie. Avant t'étais bien, tu prenais ton petit dej à midi et tu décidais d'aller au cinéma au dernier moment. T'avais besoin de 5 secondes pour sortir de chez toi. Ton manteau, tes clés et la monnaie pour le pop-corn salé.
Avec lui tu te réveilleras parfois à 3 heures du matin à cause des pré-molaires qui sont en train de percer, tu achèteras des potions magiques homéopathiques à la pharmacie en priant pour un miracle et tu deviendras pro en massage des gencives. T'apprendras même à mesurer le degré de pousse des dents du bout de tes doigts. Il te faudra une organisation de deux semaines pour prévoir une soirée, et quand tu sortiras de chez toi, tu devras compléter une check list longue comme le bras, vérifier si le sac à langer est bien chargé avec des couches, des lingettes, des cotons, du liniment, un jouet au cas où, et un change de secours. Mettre tes affaires et ses affaires. Tes chaussures et ses chaussures. N'oublie pas la tétine. Et l'attache-tétine. La poussette. Les clés. Le bonnet. 10 minutes plus tard, il pleure, t'es en sueur, tu claques la porte un trousseau de clé dans la main et un trousseau de clé derrière la serrure. Tu te retrouves coincé dehors, parce que la clé ne tourne pas si sa jumelle est derrière.
J'aurais voulu savoir.
Tu ne le verras pas beaucoup. La semaine surtout. Tu vas penser à lui la journée, être crevée au moment de le retrouver, essayer de jouer un peu pour lui faire plaisir, quand même regarder ton portable de temps en temps, le coucher à 20h et une fois qu'il dormira, tu te diras qu'il te manque.
Penser à lui, encore. S'endormir. Et chaque jour recommencer.J'aurais voulu savoir.
Tu ne le verras pas beaucoup. La semaine surtout. Tu vas penser à lui la journée, être crevée au moment de le retrouver, essayer de jouer un peu pour lui faire plaisir, quand même regarder ton portable de temps en temps, le coucher à 20h et une fois qu'il dormira, tu te diras qu'il te manque.
On aura jamais le temps, jamais le fric, jamais la force. Mais on s'était dit un truc tout fait, pour se rassurer, "une fois qu'il sera là, on se débrouillera". C'était vrai. D'ailleurs, c'est pas de la débrouille, c'est pire que ça, c'est de la révolte, parce que tout ce qui comptait avant n'a plus d'importance, que le monde se met à tourner dans l'autre sens, que toutes les priorités basculent, la priorité, c'est lui, tout ce que tu fais, c'est pour lui. Avant -dans ton imaginaire- le bébé est un paramètre de ta vie. Quelque chose à gérer en plus. Une fois qu'il est là, tu te rends compte qu'il a juste donné un sens à tout ça. Et que tu n'avais rien compris avant.
Personne ne m'avait dit non plus que j'aimerais quelqu'un plus que moi.
Que les attentats ne me feraient jamais aussi peur, maintenant que je m'occupe de la vie de quelqu'un d'autre.
Que l'état du monde ne m'inquièterait jamais autant, maintenant que j'ai porté une âme de plus sur Terre.
Que pour la première fois de ma vie je me demanderais si je suis quelqu'un de bien et tous les jours je ferais en sorte de pouvoir répondre oui.
Commencer à penser aux autres parce que j'ai compris que je n'étais pas seule. Prendre conscience des 7 milliards, maintenant que lui est là.
Aimer la vie, pour de bon.
J'essaie de le faire rire tous les jours, au moins une fois.
Je lui fais des câlins, pour qu'il sache comme il est aimé.
Je l'embrasse, pour qu'il sache comme il est précieux.
Je l'applaudis à chaque petit exploit, pour qu'il n'oublie jamais sa valeur.
Que les attentats ne me feraient jamais aussi peur, maintenant que je m'occupe de la vie de quelqu'un d'autre.
Que l'état du monde ne m'inquièterait jamais autant, maintenant que j'ai porté une âme de plus sur Terre.
Que pour la première fois de ma vie je me demanderais si je suis quelqu'un de bien et tous les jours je ferais en sorte de pouvoir répondre oui.
Commencer à penser aux autres parce que j'ai compris que je n'étais pas seule. Prendre conscience des 7 milliards, maintenant que lui est là.
Aimer la vie, pour de bon.
J'essaie de le faire rire tous les jours, au moins une fois.
Je lui fais des câlins, pour qu'il sache comme il est aimé.
Je l'embrasse, pour qu'il sache comme il est précieux.
Je l'applaudis à chaque petit exploit, pour qu'il n'oublie jamais sa valeur.
Je lui dit que je l'aime tous les soirs, avant de dormir, dans le creux de l'oreille. Au fond de moi j'espère qu'il me pardonne d'avoir crié, d'avoir été fatiguée, d'avoir regardé mon portable quand on jouait.
Quand je lui parle, il appuie sa tête contre mon épaule. Je mets mon nez dans son cou, je sens l'odeur la meilleure du monde, je lui répète comme je l'aime. Et on reste comme ça. Quelques minutes hors du temps.
Je balance tout doucement, comme si on dansait un slow. Il finit par relever la tête, me regarder, sourire avec sa tétine, et se coucher. Je crois qu'il m'a pardonné.
A la future maman d'il y a deux ans.
Ne réfléchis pas trop, tu ne peux même pas imaginer.
Fonce. C'est tout.
Quand je lui parle, il appuie sa tête contre mon épaule. Je mets mon nez dans son cou, je sens l'odeur la meilleure du monde, je lui répète comme je l'aime. Et on reste comme ça. Quelques minutes hors du temps.
Je balance tout doucement, comme si on dansait un slow. Il finit par relever la tête, me regarder, sourire avec sa tétine, et se coucher. Je crois qu'il m'a pardonné.
A la future maman d'il y a deux ans.
Ne réfléchis pas trop, tu ne peux même pas imaginer.
Fonce. C'est tout.
© Ourson Chéri |
Commentaires
Marie
J'ai particulièrement aimé "Avant -dans ton imaginaire- le bébé est un paramètre de ta vie. Quelque chose à gérer en plus. Une fois qu'il est là, tu te rends compte qu'il a juste donné un sens à tout ça."
Bravo.
un (tout petit) bémol, s'il vous plait. J'aurais aimé comme titre "lettre au futur parent que j'étais il y a deux ans". Parce que père ou mère, c'est le même sentiment, je crois.
Uggs :)
Le monde a changé, les peres aussi ;)
Magnifique texte !
Encore bravo et merci !
Pour rien au monde je n'echangerai mes grasses mat, mes sorties pour ça.
Et puis dans votre lettre il y a quand même un relan pro nataliste qui a notre époque s'apparente a de l'inconscience.
Vous faites des gosses, mais quel avenir vous leur offrez? Pas de boulot plus tard, vivre dans un monde pollué a cause de qui? De l'homme qui n'arrête pas de pondre.
Vous n'êtes juste qu'une égoïste.
Pour le "pro nataliste", je ne veux donner de leçons a personne, je m'adresse à celle que j'étais, avec ses anciennes peurs, et je les dissipe.
Enfin sur l'état actuel de la planète, je comprends votre point de vue, mais la c'est un choix philosophique qui se discute sûrement pendant des heures et des heures sans trouver de "gagnant" au débat. De là à me traiter d'égoïste... j'espère que vous n'insultez pas les parents que vous croisez dans la rue !
Merci néanmoins pour votre commentaire.
Don de soi, don aux pères, don aux enfants ..... et aux grands parents dont je fais partie !!!
Même à 65 balais passés, les enfants sont encore là.. Bien sûr, ils ont leur vie... mais ce sont toujours nos petits et nous aurons toujours besoin de leur dire qu'on les aime "autrement"
Lettre à la future maman et au futur papa que nous étions il y a deux ans, ça sonne bien aussi ;-)
Très beau, les larmes aux yeux. Merci !
Il s'agit d'une lettre que je m'adresse à moi-même, à la future maman que j'étais... et je ne suis tout simplement pas ni un futur papa, ni un papa ! Ca n'enlève en rien le rôle et l'importance des papas. C'est un parti pris : mon point de vue de maman.
Certains commentaires me sidèrent notamment celui vous traitant d'égoïste. Venant d'une personne qui ne pense qu'à ses grasses mat et ses sortie c'est l'hôpital qui se moque de la charité...
Et à la pseudo maman parfaite pas impressionnée avec son bébé parfait j'ai envie de dire que tous les bébés sont différents et que si elle a eu de la chance au tirage ce n'est pas le cas de tout le monde. Ici entre coliques, RGO sévère et autres maux ma fille pleure parfois beaucoup et ne fait pas toujours ses nuits à 5 mois mais elle n'en est pas moins merveilleuse...
Bref ces commentaires me debectent...
Merci en tous cas pour ce texte si magnifique dans lequel je me retrouve si bien
"Tu ne le verras pas beaucoup. La semaine surtout. Tu vas penser à lui la journée, être crevée au moment de le retrouver, essayer de jouer un peu pour lui faire plaisir, quand même regarder ton portable de temps en temps, le coucher à 20h et une fois qu'il dormira, tu te diras qu'il te manque."
Merci pour ce partage :)
J'ai 29 ans et 3 enfants que j'aime du plus profond de mon coeur . Et ce texte de temps en temps je le relis , il est dans les notes de mon iPhone ... J ai plus de 3700 amis sur fb car c'est mon outil de travail ... Je l'ai publié il y a peu de temps il a été partager plus de 100 fois et j'étais fière de vous , de cette si belle écriture , de se reconnaître toute un peu ... Alors simplement merci .
MERCI ! C'est tres gentil et je suis touchée que ce texte vous plaise tant. Merci pour le partage, cela représente beaucoup pour moi (j'espère que vous avez pu mettre le lien du blog !) et félicitations pour les 3 petits coeurs. Plein de bonheur à vous :)
Marico
Au fond de moi je sais que je donnerai ma vie pour elle. depuis que je la sent bouger en moi la sensation est wawwww (MAGIQUE) donc j'imagine ma rencontre avec elle dans 4 petit mois. Merci pour ce bel article qui illustre bien nos vie de maman ou future maman
Merci pour ces mots !
Merci pour ce témoignage.
Cher papa! Merci beaucoup. Pour répondre à votre interrogation, rassurez-vous, c'est tout simplement parce que j'étais une future maman il y a deux ans. Cette lettre, je me la suis adressée à moi-même :)
Avec mon mari on culpabilise parfois de ne pas être parfaits comme on l'aurait voulu car fatigués par le quotidien, en manque de liberté mais notre priorité c'est quand même de les aimer plus que tout et tout faire pour les rendre heureuses et prêtes à affronter ce monde de fou ...
Merci pour ce texte qui touche !
Comme si quand on est parent, on ne peut pas s'empêcher de parler de ses enfants. Ca tourne en boucle un peu, comme de l'auto-conviction. Et surtout, tout le monde se fout des enfants des autres non?
Juste dommage de faire passer une fois de plus ceux qui n'ont pas d'enfants comme des sous-personnes qui " ne comprennent rien avant et dont ils ne peuvent pas savoir le sens de la vie tant qu'ils n'ont pas d'enfants".
Avec les enfants tout est en effet plus intense, plus dur, plus beau mais ça n'empêche pas que les autres vivent aussi une vie pleine et heureuse.
j'aime mon enfant d'un amour inconditionnel mais j'ai appris aussi à vivre sans mon enfant pour qu'il ne soit pas le "centre de mon monde". :)
merci :)
Je ne me reconnais pas dans les premiers paragraphes. Quand j'ai eu mon premier, j'avais déjà la responsabilité de trois autres qui n'étaient pas de moi mais de mon mari (à l'époque). Alors, j'ai pas regretté ni les sortis, ni les we sur un coup de tête, je les avais jamais vécu. Et le moment où je ne devais ne penser qu'à moi, me préoccuper que de moi, était déjà loin derrière moi quand mon premier est arrivé. Et oui, tu as raison (je te tutoie ne m'en veux pas) tout prend soudain un sens. Et puis moi j'ai eu de la chance. J'ai pu rester à la maison pour m'occuper de lui. Et je me suis occupée des deux autres qui sont arrivés après. Oui, rester à la maison, prendre soin d'eux durant leur trois premières années chacun, les allaiter durant ce temps aussi ... c'est tellement loin maintenant ! Le plus grand est parti vivre sa vie. Et les deux derniers sont complètements indépendants... Quand est ce que c'est arrivé ? Je sais quand c'est arrivé ! c'est arrivé le jour où j'ai levé la tête et qu'ils n'étaient plus là autour de moi, à me demander ceci ou cela "porte moi, aide moi..." D'un coup ils sont devenus autonome, d'un coup, ils sont devenu grand et je ne l'avais pas vu. Souvent ils me disent que je suis la meilleure maman du monde. Mais je n'ai aucun mérite, j'ai les meilleurs enfants du monde.
Alors oui ... C'est difficile, c'est de la fatigue, du stress et des moyens financiers en moins. Mais non ! ça ne dure pas ! Et c'est moment que tu vis, ce sont des moments privilégiés qui ne dureront pas, profites en ! C'est maintenant !
(ps, malgré qu'ils aient grandi, la peur de ce monde, entant que parent pour ses enfants, ne faiblit pas ! donnons leurs des armes pour combattre et des outils pour construire et de l'amour, beaucoup d'amour, pour que leur sourire soit à toute épreuve et pour toujours !)
Accompagner en enfant jusqu'à ce qu'il s'envole, c'est une incroyable et merveilleuse aventure !
Très belle lettre, ont s' y retrouve toutes un peu, félicitations à d'avoir pu l'écrire et bonne continuation à vous et votre petit coeur
Je ne regrette en rien de les avoir ils sont notre raison de vivre
Bien sûr qu'à y réfléchir, ça semble complètement fou de faire un enfant de nos jours. Mais c'est aussi complètement fou de tomber amoureux, de manger du sucre, de boire du vin, de prendre sa voiture, de sauter en parachute, et j'en passe. Mais c'est dans notre nature de nos reproduire, de ne pas vivre seul, de se faire plaisir...
3 boules d'amour à la maison c'est si bon :-)
Bon sang mais pourquoi doit-on attendre d’avoir un enfant pour donner un sens à notre vie, clarifier nos vraies priorités, ressentir la vie, la vraie ? C’est quand même dingue, non ?
Et l’enfant dans tout ça, il en pense quoi, lui, de devoir attendre que ça mère ou son père réalise qu’il va devenir leur priorité. Il ne manquerait plus que ça qu’il ne le soit pas !
Que l’on soit d’accord, Delphine, je ne remets pas en cause la bienveillance que tu portes à l’égard de ton fils et la manière dont tu sembles vivre les différents événements de ta vie. Je te trouve d’ailleurs plutôt honnête dans ta manière de vivre et d’exprimer tes ressentis ; mais ton encouragement à « Foncer », à « Ne pas trop réfléchir » m’inquiète. Que l’on soit clair, il ne m’inquiète pas dans mon avenir parental étant donné que j’ai décidé de ne pas avoir d’enfants et que je suis à l’aise avec cette décision mais il m’inquiète dans une dimension tout simplement humanitaire, globale. Il m’inquiète pour les futurs millions, milliards de petits êtres qui vont devoir vivre avec des parents perdus, souvent névrosés, qui n’ont pas trouvés de sens à leur vie et qui attendent de leur enfant qu’il leur en donne une.
Les parents, je crois, espèrent souvent que leur enfant leur apportent certains moments de vie. Des attentes énormes sont placées (souvent inconsciemment) chez l’enfant, qui les perçoit très bien. En atteste les moments que tu décris lorsque, par exemple, tu dis que « j’espère qu’il me pardonne » (A-t-il vraiment le choix ?)
Les sensations de joie et de bonheur qu’apporte un enfant et que tu décris d’ailleurs très bien dans ton article, je ne les remets pas en cause, mais justifier la conception d’un enfant seulement sur ces éléments-là, en faisant abstraction de l’absence de vie et de sens de la vie qui habitent malheureusement l’esprit de beaucoup d’individus sur cette planète ne me rassure pas.
Cet article d’une ancienne thérapeute, Sophie Gauthier, illustre peut-être mieux mon ressenti :
http://www.larbreasoi.com/ne-pas-faire-denfants/
Humanistement,
Gabriel
Je crois que tu as mal compris mon texte.
L'erreur que font certaines personnes en lisant cette lettre est de croire que c'est quelque chose que j'adresse à tous les parents et futurs parents. Pour rappel, c'est un article que je me suis écrit à moi même. J'ai eu envie de raconter mon histoire et les doutes qui m'ont envahie à l'époque où je souhaitais faire un enfant, mais que "les choses de la vie" me faisaient peur. Ma vie personnelle et surtout ma situation (amoureuse, financière, professionnelle) me permettaient tout de même d'assumer mes responsabilités et ne pas faire cet enfant en toute insconcience. Néanmois, un enfant reste un bouleversement et les choses changent, c'est un fait, donc on a toujours l'envie raisonnable de peser le pour et le contre.
J'étais la première, avant d'être mère, à ne pas comprendre les discours de parents clamant comme leur vie avait pris un sens à l'arrivée de leur progéniture. Pourtant, le 1 er décembre 2014, tout a changé et je suis passée de l'autre côté. J'ai adoré ma vie avant lui, mais plus rien n'a jamais eu autant de saveur que depuis son arrivée. C'est comme ça que je l'ai vécu, je le raconte, mais je ne fais pas de propagande ;) je me contente de témoigner. Chacun mène sa vie comme il l'entend ensuite. En fait, ce que tu as mal compris c'est que ma vie était parfaitement heureuse et épanouie avant mon enfant. Je n'ai pas décidé d'avoir un enfant pour trouver le sens de la vie. Je dis au contraire qu'il l'a changé à ma plus grande surprise, et qu'il a changé ma façon de voir le monde. Je n'avais rien demandé, je ne m'y attendais pas, ça m'est tombé dessus, et je trouve que je suis devenue une meilleure personne grâce à lui.
Encore une fois, je m'adresse à "l'ancienne moi", celle qui n'était pas sûre d'être capable d'être une bonne maman, et je lui dis que rien ne sera parfait, qu'il y aura des petits couacs (que OUI, j'espere il me pardonnera, aucun parent n'est parfait) mais l'amour que j'aurais pour lui me poussera au moins à faire de mon mieux, et finalement... tout ira bien. Puisque 3 ans plus tard maintenant... tout va bien.
Merci pour ton message car j'ai compris ton idée et tes interrogations qui ont été exprimées dans la politesse et l'échange, et cela reste fort appréciable !
Je suis triste de vous lire dans un tel désarroi, bien sûr la maternité n'est pas un conte de fées, et peut être n'est elle pas faite pour tout le monde. Comme j'essaie de le faire comprendre, cette lettre est un mot personnel que je m'adresse car la maternité a été une superbe révélation pour moi, malgré les évidentes difficultés, le stress et la fatigue que cela engendre, pour rien au monde je ne reviendrais en arrière (j'attend d'ailleurs un autre enfant). Je pense en toute sincérité et sans aucune méchanceté que vous devriez vous faire aider et surtout en parler autour de vous à une personne de confiance ou un professionnel, car vous semblez vivre un moment difficile... et se replier sur soi n'est pas une solution. Tout le monde a droit au bonheur.
Et surtout parce que moi je n'ai pas besoin d'enfanter pour trouver ma place dans le monde : je n'ai pas envie que ma vie appartienne à quelqu'un d'autre, je connais très bien mes priorités, je sais que je suis quelqu'un de bien, je fais déjà passer les personnes qui comptent le plus avant moi-même, ma vie a déjà un sens, et tous les jours j'apporte des rires, de l'affection, et on m'en donne en retour. Ma vie est déjà complète telle qu'elle est.
Il faut oser le dire et s'affirmer sans craindre les préjugés sur les femmes qui ne veulent pas d'enfant. Je n'ai rien contre celles qui en veulent, mais j'espère que ce message donnera du courage à toutes celles qui sont dans mon cas.
« 3 ans plus tard maintenant…tout va bien » ! De ton point de vue, il semble que oui. De celui de ton enfant c’est beaucoup plus compliqué à vérifier.
Ma mère a toujours assuré, avec la plus profonde honnêteté, que tout allait bien entre elle et moi. Pourtant je réalise depuis quelques années que c’était tout le contraire. Et j’ai pourtant moi-même longtemps mis sur un piédestal la manière dont elle nous a fait grandir, ma sœur et moi. (Je pourrai m’étendre sur le sujet et sur ce que j’ai découvert sur des pages et des pages, mais je crois qu’Alice Miller l’a déjà très bien fait, en particulier dans son livre « le drame de l’enfant doué »)
Tu affirmes Delphine que tu étais heureuse dans ta vie avant d’avoir ton fils, je veux bien le croire, mais je pense, sans trop me tromper, que ce n’est pas le cas pour beaucoup d’entre nous dans cette société et donc pour nombre de tes lecteurs / lectrices. Je ne remets pas en cause ce que tu ressens, encore une fois ça m’a l’air très sincère, mais il me parait important de proposer un autre regard sur les raisons qui poussent les adultes à avoir des enfants.
Pour ce qui concerne le sens des blogs comme le tiens, c'est-à-dire ces démarches de témoignages, je les soutiens et les encourage grandement. Démarches sans lesquelles, entre autres, nos échanges n’auraient jamais eu lieu ;)
Gabriel
A croire que le BB à tout effacer, même lui :(