Blue Valentine Baby

On se souvient sûrement toutes des premiers mots prononcés lorsque notre enfant vient au monde.
De mon côté, après des contractions commencées à 21h00, une perte des eaux à 23h30, une péri posée à 4h00, et le "vrai" travail commencé à 12h00, quand mon fils est né, à 13h23, mon premier mot aurait pu être "Enfin!".
Mais, vous le savez bien, à ce moment précis, le temps ne compte plus. J'ai ouvert les yeux, je l'ai vu. On me l'a tendu, j'ai ouvert les bras. Je l'ai pris contre moi en lui disant"mon bébé" et je l'ai embrassé, tout sale qu'il était. Pendant que le mari tombait dans les pommes.

Je n'ai pas eu de baby-blues.
Je crois.

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Je ne sais pas vraiment à quel moment je me suis sentie maman.
Un jour, alors qu'il pleurait dans les bras de tout le monde, mon père me l'a tendu, il m'a dit "allez, ca va le calmer direct, hop, avec maman!". Ca m'a fait un électrochoc. Selon mon père, j'étais la personne la plus qualifiée pour le consoler. Le remède à son stress, c'était moi. C'était incompréhensible à mes yeux, irréel. Moi ? Comment ma voix que je déteste pourrait-elle bien l'apaiser ? Comment mes bras gauches pourraient-ils devenir son refuge ?  Pourquoi ? Parce que je suis sa mère ? J'ai mis un moment à me sentir "légitime". J'avais l'impression que n'importe qui ferait mieux. Attendez, je ne suis pas à la hauteur, moi je suis toute cabossée vous savez. Qu'est ce que je vais bien pouvoir lui donner à lui, si pur et innocent.
Je ne me sentais ni assez bien pour lui, ni assez bien tout court. Il aurait fallu que je sois quelqu'un de mieux, de moins bordélique, de plus sérieux, qui ne serait jamais lunatique, qui ne serait pas aussi dépensier. Quelqu'un de plus simple, moins superficiel, quelqu'un qui n'arrive pas en retard, quelqu'un qui range toujours bien sa maison et qui ne repousse pas son réveil 3 fois de suite. Bref. Quelqu'un d'autre.

L'acceptation. C'est déjà un putain de bordel avant d'être parent. S'aimer. "Sois toi-même, tous les autres sont pris". Et là, je dois en plus m'occuper d'une autre vie. Toute précieuse et minuscule. Qui va prendre exemple sur moi.
J'ai fait avec, j'ai enfoui mes angoisses. Et puis les semaines ont passé. Au fur et à mesure que je l'ai vu grandir, des situations sont nées. Quand on s'est retrouvés rien que tous les deux, pendant mon congé mat, on a créé nos "délires", des trucs juste entre lui et moi. Le matin, notre rituel, avec son bib, mon café, on met des merdouilles à la télé, je le pose dans son transat et je lui tape la discute en le prenant en photo, il me sort 3 areuh à la minute, on se sourit. A force, j'ai connu le moindre de ses traits de caractère. Ce qu'il aime manger. Quelle texture, quelles saveurs. Apprendre à l'endormir. Savoir que quand il fatigue, il se frotte le nez. Quand il a faim, il agite ses mains en gigotant. Quand il s'ennuie, il fait une duckface en regardant autour de lui.  Ces moments-là m'ont sauvée.

Je n'aime pas l'expression baby blues. Quand je suis rentrée de la maternité, ce qui m'a plombée, c'est pas lui, lui j'aurais pu pleurer de joie en le voyant, c'était d'avoir peur d'être la pire des mères pour ces 4 kilos d'innocence qui méritaient le meilleur.

Aujourd'hui, quand il me voit, il sourit. Il tend les bras, toujours. Et il se blottit contre moi avant de se coucher. On s'est apprivoisés.
Je n'ai pas eu de baby blues. J'ai compris que j'étais assez bien pour lui. Et j'ai appris à m'aimer, pour qu'il m'aime aussi.










Commentaires

Anonyme a dit…
J'ai ressenti la même chose que toi, puis je me suis rendue compte qu il n y a que moi qui sait vraiment comme fonctionne mon pti mec. tu sais vraiment mettre les bons mots sur les sentiments ressenti en tant que mère. j aime beaucoup te lire, je me sens moins seule en tant que maman