1 pas en arrière, 3 pas en avant

En ce moment c'est les dents. Alors j'explique. Quand tu es enceinte, on t'explique qu'il faut que tu dormes parce qu'après tu pourras plus, mais tu fais des insomnies et tu es tellement pressée de rencontrer ton bébé que tu t'en fous de ces histoires de sommeil. Quand il naît, tu es au taquet dès le moindre bruit, tu accours à 3 heures du mat' dans sa chambre pour lui donner son biberon, presque de bonne humeur. Les semaines passent, et tu commences à avoir hâte qu'il fasse ses nuits. Un jour, enfin, les nuits sont complètes. Avec plus ou moins de ratés quand les dents se pointent. Mais après des semaines, des mois entiers avec des nuits de rêves, et même des grasses mat' le week end (je vous ai pas raconté qu'il se réveillait à 10h00 maintenant le samedi ? même moi j'ouvre les yeux avant lui, le comble), quand votre bébé pleure de nouveau la nuit, on voudrait juste éteindre le babyphone et faire semblant de ne rien avoir entendu. Deux nuits que ça nous arrive, on est totalement décalqués.

La nounou nous l'a dit hier, quand on l'a récupéré. C'est pas la grande forme.
Et puis je les ai vues sur la table à langer. 1 canine à gauche, venue faire coucou aux prémolaires déjà sorties. Et toute la joyeux équipe de droite, un peu à la traîne, qui s'apprête à percer.
Le coucher, l'entendre pleurer, le reprendre un peu, faire des calins, le rassurer, le recoucher.
Parier avec le mari que s'il s'endort, je ferai des financiers.
Perdre mon pari, sortir les moules et la poudre d'amande, se faire un citron-miel parce qu'on est ENCORE malades, savourer le tout à l'ombre du babyphone et se coucher.

23h.
Il fait tout gris, c'est la nuit, on est trois dans le lit.
Le nounours a refait une entrée fracassante dans la chambre des parents, à force de cris stridents et pleurs-qui-brisent-le-coeur. Le papa a craqué, il est allé le chercher. Joues roses, bouclettes toutes transpirantes, endimanché dans sa gigoteuse, je l'ai vu, même dans la pénombre, sourire avec sa tétine en entrant dans la pièce. 

On l'a allongé au milieu, entre nous deux. On a mis chacun une main sur son petit ventre grassouillet, on a fait toc-toc deux fois pour se dire qu'on s'aimait. On a fermé les yeux, pour donner l'exemple. Et puis j'ai senti, ses tous petits doigts, qui me caressaient le bras. Au début, j'ai cru au hasard. Et puis ça a continué, il touchait mon oreille, mes cheveux, ma joue, tout doucement, tout gentiment. Pas un mot dans la pièce. On entendrait les fées voler. Et il me semble bien grand, mon petit bébé plus du tout endormi, qui nous laisse fermer les yeux tout en nous caressant le bras.
Il a fini par s'ennuyer, et d'un coup m'a pincé le nez. J'ai éclaté de rire, alors il a rit un peu, lui aussi. On a dit qu'il était tard, que c'était l'heure de faire dodo. On s'est tous rendormis, lui s'est imposé en s'installant confortablement sur le ventre et perpendiculaire au lit sinon c'est pas drôle, le mari a failli tomber et moi je me suis réveillée avec un torticolis. Mais qu'est ce qu'on était bien.
Cette petite régression nocturne n'a aucune importance. Mis à part notre fatigue et le bonheur coupable de dormir avec son bébé, il nous avait fait une petite surprise un peu plus tôt.
Quand on est rentrés chez nous, encore emmitouflé dans sa doudoune, il a tenu debout après que j'ai lâché sa main, le mari lui a tendu les bras, et il a fait 4 ou 5 pas. J'ai rigolé, les larmes sont montées, je suis restée bloquée. Aaron a marché.

Il dormira peut-être encore avec nous ce soir. Mais ses quelques pas ont balayé tout le reste.


© Ourson Chéri

Commentaires

Bravo Aaron... Et oui une petite nuit par ci par là de temps en temps c'est bien même si effectivement ils prennent toute la place et souvent à la perpendiculaire;). Nous l'avons parfois ramené dans sa chambre afin qu'il dorme mieux..