(Mariage) Partie 1 // Les Fiançailles

Ce soir, on fête nos trois ans. J'ai emmené au travail une robe rouge flambant neuve et mes sandales fétiches. 
Tout est prévu. En sortant je vais me préparer chez ma cousine, il viendra me chercher vers 20h. Comme un rencard.
Les faux ongles sont posés, la géante trousse de maquillage embarquée. 
Tout est prévu mais ce que je ne sais pas encore, c'est que ce soir mon petit ami va me demander en mariage.  

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Je passe deux heures à remettre en question ma coiffure, l'épineux dilemme entre les ondulations ou le raide, et le rouge à lèvres rouge ou le nude. Je lisse et choisis l'option rouge à lèvres. 
Quand la voiture arrive en bas, j'ai l'impression d'être Carrie dans Sex & the City. Le dressing et la chronique dans un magazine en moins. Un baiser à mon Mister Big (sans chauffeur) et on se rend au resto-surprise, une autre de nos traditions de couple, décrétée lors de l'anniversaire numéro 1. Pour chacun de nos anniversaires, nous déclarions solennellement qu'on irai dans un restaurant d'un pays différent, en se faisant la surprise une année sur deux. 
2012, année 3, c'est son tour. 
Ce soir, ça fait trois ans que l'on est ensemble. L'un de mes auteurs préférés a publié un jour que l'amour dure trois ans. Ça m'a toujours un peu embêtée, parce que j'adore Beigbeder, mais moi j'ai bien envie de croire que ça peut durer toute la vie. Depuis le 10 mars 2009, on s'est aimés, à la folie, on a vécu à distance pendant 6 mois, on a rompu à cause de ça pendant environ 20 minutes, les plus longues de ma vie, je me vois encore à la pause déj de mon stage chez Marie Claire, en larmes devant les pots de fleurs et les clopeurs, qui nous regardaient étrangement, mon mascara dégoulinant, mon téléphone et moi. Au bout de 20 minutes de larmes, les seules que j'ai jamais entendues venant de lui, on finissait par admettre qu'on ne pourrait pas vivre l'un sans l'autre et qu'on enterrait ce moment de faiblesse pour devenir le couple le plus fort de la Terre. On s'est enfin retrouvés 4 mois plus tard, on s'est installés ensemble dans mon minus appart, on a déménagé trois rues plus loin dans un plus grand qui accueillerait ses DVD et mes chaussures, et puis on en est arrivés là, le 10 mars 2012, à s'embrasser devant un restaurant Géorgien, à Saint-Germain-Des-Prés, dans une rue pavée définitivement pas faite pour les talons aiguilles. 
On a dîné, il a jeté un œil sur moi quand je me suis levée pour "aller aux toilettes" (vérifier que mon rouge à lèvres ne s'était pas transformé en contour de lèvres, et que mon front ne luisait pas autant que mon entrée pleine d'huile d'olive -délicieuse, soit dit en passant). Comme j'avais un dos nu, ce coup d'œil furtif m'a littéralement enchantée, et je me suis sentie à peu près comme Beyoncé quand elle sort de scène.
On a bu, on a mangé, on a trinqué à ces trois années. Et puis on a marché, on a parlé, on est rentrés, en écoutant Video Games en boucle parce que c'était ma chanson du moment et que, chez nous, quand on a une chanson préférée, on l'écoute 200 fois d'affilée parce qu'il n'existe plus aucune autre chanson dans le monde. La soirée aurait pu s'arrêter là.
Mais quand on s'est garés, figurez-vous que le mec a commencé à se "sentir mal". Genre plat géorgien mal passé. Ce détail pour notre soirée d'anniversaire, sur le coup je m'en serais passée, mais on est comme ça, amoureux mais meilleurs amis, sans tabou, sans filtres. Le couple aux 1000 délires. Accusant ma lenteur en talons, il a littéralement décampé, m'abandonnant à mon trottoir parisien et mes 15 centimètres d'altitude. J'ai marché jusqu'au pied de notre immeuble, sereine, légèrement transportée par le vin blanc, et heureuse de m'être prouvé que l'amour durait déjà quelques heures de plus après les fatidiques trois ans. 

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Monter l'escalier pourri de notre immeuble en ruines aux peintures décollées et aux marches penchées. Atteindre le troisième étage, celui où la lumière du couloir ne fonctionne qu'une fois sur deux, le nôtre. Poser le pied sur la dernière marche, voir ce long couloir, et pour la première fois de sa vie, ne plus rien contrôler de ce qui est en train de se passer sous ses yeux. Des dizaines de petites lumières qui dansent par terre. Plus d'ampoule qui grésille, mais des bougies partout. Plus de carrelage au sol mais un tapis de pétales de roses. Plus de murs jaunis par le temps, mais des photos, tout plein de photos de nous affichées dans ce couloir, placées dans l'ordre chronologique de notre relation. Et notre porte, à moitié ouverte. Je pense que même la nana la moins romantique du monde n'aurait pas pu s'empêcher de sourire face à ce tableau. Un rêve, un conte de fées, appelez ça comme vous voulez. J'étais transportée, j'ai avancé, regardé chaque photo, je les ai récupérées, une par une, je les ai empilées en revoyant nos trois ans. J'ai enfin franchi le seuil de la porte, et là j'ai retrouvé les bougies, les roses, le champagne, Stay with you, et lui. Lui, devant moi, avec un bouquet de fleurs à la main. Ne me demandez pas ce que j'ai fait, ni ce qu'il m'a dit, je ne m'en rappelle plus, c'était trop intense, ma mémoire a flanché, je me rappelle seulement de la buée dans mes yeux, je me rappelle que j'ai souri avec la main devant la bouche tellement j'étais "gênée", je me rappelle qu'il avait un genou au sol et me tenait par les mains, en me disant combien j'avais changé sa vie, combien il m'aimait et combien il était heureux depuis que j'étais là. Je me rappelle de la petite boîte qu'il a sorti de sa poche. Je me rappelle que je l'ai regardé droit dans les yeux et que sa plus longue mais surtout cette unique et seule déclaration s'est conclue par une question, LA question. "Est-ce que tu veux devenir ma femme?"

J'ai dit oui. 
J'ai dit oui à l'homme qui m'a fait tomber éperdument amoureuse de lui, celui qui a tout changé, celui qui me guérit un peu plus chaque jour de mes tourments, celui qui voulait que j'écrive à nouveau parce que même s'il se moquait de moi pendant nos études il me disait que j'avais du talent, celui qui voulait que je sois sa femme et que je porte ses enfants.

Dans 7 semaines, ça fera 4 ans. On fêtera nos 7 ans. C'est un gros cap, celui-là, non ?
Je sais pas, mais là, ce que je me dis chaque jour qui passe, c'est que ce "oui" est la meilleure réponse que j'ai donnée à une question. De toute ma vie. 


© Ourson Chéri



Commentaires

Charlotte a dit…
Il est génial ton mari ! Tu as bien fait de lui dire oui ! Votre amour fait plaisir à voir et pour une fois d entendre un couple rester aussi amoureux après bébé, ça fait du bien. Longue vie à vous
Charlotte a dit…
Il est génial ton mari ! Tu as bien fait de lui dire oui ! Votre amour fait plaisir à voir et pour une fois d entendre un couple rester aussi amoureux après bébé, ça fait du bien. Longue vie à vous
Julie a dit…
Quel bel article juste un mot : magnifique ��
Delphine Maarek a dit…
@ Charlotte
Merci beaucoup, c'est adorable ! Ca me fait très plaisir !

@Julie
Merci à toi pour ta gentillesse !
cynthia a dit…
Waouhhhhhhhhh!!!!
Je lis ton article et boom j'ai les larmes aux yeux et les poils qui se dressent
Très romantique, très attentionné ton Mari: j'ai envie de dire tout simplement parfait.
Une demande dans toute sa simplicité mais en même temps tellement recherché pour un homme (pas souvent romantique ou alors qui ne pensent à tous ces petits détails)

Je vous souhaite tout le bonheur du monde :)
Xoxo
Unknown a dit…
Je viens de tomber sur ton blog
Je passe d'un article à un autre, et je trouve ton blog géniale
On a l impression d être vers toi
Bonne continuation, pleins de bonheur à ta petit famille
J'adore je continuerais à lire tes prochains articles :)
Delphine Maarek a dit…
@Cynthia
Merci beaucoup et merci pour lui, c'est vraiment très gentil :)

@Andréa
Merci pour ton message ! Ca me fait très plaisir ! Contente de te compter parmi les lectrices du blog, à bientôt par ici alors :)
Evahina a dit…
Magnifique !!!!! Merci à toi !
On en pleurait de bonheur ;-)
Delphine Maarek a dit…
@Evahina

Merci beaucoup à toi :)