(Mariage) Partie 3 // Unir nos destins

C'est moi qui ai dit je t'aime en premier. 
Moi qui attendais prostrée devant ma boîte mail qu'un petit (1) s'affiche. Je suis la romantique du couple, celle qui pleure pour un oui ou pour un non, celle qui regarde les vieilles photos, adore parler de l'avenir, et attend depuis 7 ans sa lettre manuscrite.
Mais il a beau ne pas être démonstratif, expressif, bavard, il y a bien deux trois petites choses qu'il a faites qui m'ont rendu au centuple toutes les attentions qui me manquent parfois.
Il y a eu cet anniversaire pour nos trois ans. Un dîner, une petite boîte en velours, un genou à terre et une question qui a changé nos vies. Si vous l'avez raté, c'était ici. Il y a eu cette pilule, qu'il m'a dit de ne pas racheter parce qu'il était prêt pour un bébé. Et entre-temps, il y a eu un jour un peu spécial. J'étais en blanc, le ciel en gris, on s'en foutais on est passés à travers la pluie, et pour la première fois de ma vie j'ai vu des larmes dans les yeux de l'homme que j'aime.

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26 mai 2013

J'ai dormi à plat. Sur le dos. Sans bouger. D'habitude je dors sur le côté ou sur le ventre, les cheveux en bataille, avec de l'autobronzant qui sèche sur ma joue et ma taie d'oreiller. Cette fois, non. J'ai fait des UV. Je ne suis pas chez moi, mais chez ma meilleure amie. Toutes mes autres copines chéries sont là aussi. Hier soir, on a fait une géante pyjama party avec sushis et masque dans les cheveux. Ma mère ne voulait ni de moi, ni de photographe ou cameramen encombrants chez elle ce jour-là, alors on est ici, et c'est aussi bien. C'est la vie. 
Cette soirée pyjama, c'est parfait pour moi qui ne suis jamais allée en colonie et ai toujours rêvé de faire partie d'un "groupe" à l'école. Mon armée de copines est avec moi.  Et j'ai ma robe blanche pendue, là-bas, je la vois. Donc ça va. 
Le réveil sonne. Mais comme souvent, quand c'est un grand jour, j'ai déjà les yeux ouverts.
C'est effectivement un grand jour.
Aujourd'hui, je me marie.

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Je n'ai jamais été aussi calme. Quelques minutes avant, mon père est tout nerveux et débite des conneries. On est avec ma petite soeur, la plus belle avec sa couronne de fleurs, dans cette pièce isolée où l'on doit patienter. La musique qui démarre, je l'entends à travers les murs fins de cette synagogue si chère à mon coeur et à mon histoire, celle qui m'a donné un second prénom, Shaïli, et celle qui m'unit aujourd'hui à celui qui avait parié que l'on finirait ensemble. J'ai vu notre rencontre et nos grands moments défiler devant moi à ce moment-là. Les premiers flirts qui sont devenus embrouille monumentale, moi qui ai changé de classe pour ne plus voir sa tête tous les jours, les engueulades en salle informatique, les regards noirs dans les escaliers quand on se croisait, et puis l'eau, celle qui coule sous les ponts, qui adoucit les colères, fait que les regards noirs redeviennent taquins, les silences se transforment en private-jokes, et qu'un jour, un 10 mars, tout bascule, enfin, 3 mois avant la fin des cours et la séparation de nos chemins.
Voilà. Et nous sommes là. La musique a commencé, c'est l'heure. C'est le moment de s'accrocher au bras de mon père. Que je l'aime mon père. Quand je lui ai dit qu'il m'amènerait jusqu'à l'autel il était catastrophé, parce que c'est la personne la plus pudique de la Terre et que je lui demandais pratiquement l'impossible. Mais il l'a fait, pour moi, doux-amer, en me souriant et murmurant avec ironie "merci beaucoup hein...c'est tout ce que j'aime". 
Il l'a fait. C'est grâce à lui que je n'ai pas trébuché et pensé à regarder devant, droit devant. Mon fiancé. Qui justement, à cet instant, se retourne, me voit, fait passer une seconde  et laisse brutalement échapper quelques larmes sous mes yeux. Pour la première fois de ma vie, les rôles sont inversés. C'est moi qui souris, c'est lui qui est ému. 
Ces larmes sont la plus belle déclaration qu'il ne m'ait jamais faite. 

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Mariés. Ca y est. Nos destins sont unis. Sur la Terre comme au Ciel. Embrasser ses amis, sa famille, sa nouvelle famille, pleurer, beaucoup, se serrer fort. Se dire merci. 
Voiture. Bouchons. Lieu de réception. Poser ses affaires, filer au restaurant de l'hôtel avec notre témoin. Engloutir un hamburger et par miracle ne pas se tacher. 
Puis ne rien faire comme programmé. 
La séance photo d'une heure s'est transformée en séance photo de 3 heures. J'ai 12cm de talons depuis ce matin, je ferais l'erreur de les enlever 20 minutes pour soulager un peu mes pieds (et me maudirais en les ré-enfilant une heure après).
Comme souvent chez les mariés, on aura l'appétit coupé. Nous, les deux ventres sur pattes. 
Pas cette fois, pas ce soir. Rien, non merci, même pas un petit toast de foie gras poêlé, non, ça ira, mais mangez, vous, servez-vous. 
Arrivera l'heure de passer au dîner, danser sur "We found love", ça ne s'invente pas, laisser exploser notre joie, notre amour, l'énergie que l'on a dépensé pendant plus d'un an à organiser ce jour pour qu'il soit parfait. Finalement et inévitablement savoir qu'il n'aura pas été parfait, qu'il aura été plein de petites fissures, mais que ces fissures l'auront rendu vrai. 
Essayer de prendre le temps de parler à tout le monde. Se retrouver déborder, échouer. Relativiser. 
Réussir à se retrouver, rien que tous les deux, parfois. Se comprendre en clin d'oeil. On est mariés. Un regard furtif. Tu te rends compte ? On est mariés.
Ivres de bonheur, ivres d'amour. Nous comme nos proches. Ils sont heureux pour nous et nous l'ont prouvé, hier, aujourd'hui, et demain. Certains auront organisé un flashmob dans notre dos et nous surprendront avec au milieu de la soirée. Ils mettront le feu jusqu'à ce que les lumières s'éteignent, que j'enlève mes chaussures pour de bon, et que la nuit tombe sur cette journée que l'on oubliera jamais. Ils seront là pour nous. Et ils le sont toujours. Les vrais. 

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27 mai 2013

Lendemain de mariage. Je me suis levée avec moins de 5 heures de sommeil au compteur mais heureuse comme un matin de Noël. Dehors il fait beau. Evidemment. 
On se lève. Mariés. On réunit nos affaires de la veille. Fanées. Je sais que je ne les remettrai jamais. Ça les rends encore plus merveilleuses. On descendra, toujours très entourés, puisque certains amis et une partie de la famille seront restés dormir ici. On fracassera le petit déjeuner, on essaiera d'imprimer les 24 heures qui se sont passées, on rentrera chez nous dans le 15ème, on déjeunera encore avec nos amis, on finira par leur dire au revoir, merci, pour tout, merci d'être vous. Et on rejoindra notre petit appartement biscornu. On montera nos escaliers (on est mariés), on récupèrera nos valises (tu te rends compte, on est mariés), on ira à l'aéroport (c'est fou quand même), direction les Seychelles pour notre voyages de noces (c'était tellement bien), 15 jours de bonheur dans notre bulle d'amour (c'est passé si vite) encore empreints de la magie du mariage, encore pleins d'étoiles, qui se voient tellement sur nos têtes et la destination de notre carte d'embarquement que tout l'équipage nous offrira du champagne. Le reste, je le garde pour moi, pour nous, parce que ce voyage-là, avec lui, n'a jamais eu d'égal. 
Je ne saurais même pas comment lui expliquer avec des mots le bonheur qu'il m'a donné, l'amour qui débordait, le sentiment d'être exactement là où l'on doit être, au bon moment, avec la bonne personne, au bout du monde, l'avenir devant soi. L'avenir que l'on voit radieux, que l'on fantasme, que l'on savoure.
L'avenir plein de promesses, qui par chance seront tenues, en tout cas jusqu'à aujourd'hui, 3 ans plus tard.
Je suis reconnaissante d'avoir trouvé l'homme qui aimait le mariage et le couple autant que moi, qui chérit notre alliance comme la prunelle de ses yeux, et trouve son salut dans sa famille. Un homme qui ne semblait pas beaucoup aimer les enfants et qui est pourtant tombé fou amoureux de son fils, lui chante des chansons depuis qu'il est né, pour le calmer, même à 4 heures du matin, et est devenu à mon grand dam son parent préféré. Je suis reconnaissante parce qu'il pense à mon bien-être chaque jour, que toutes ses décisions, il les prend en pensant à nous, écoute mes maux, essaye de les comprendre, sait absolument tout de moi, m'aime, quand même, et m'achète du shampooing pour cheveux dorés.
Merci pour ces 3 années incroyables, pour nos disputes qui nous rendent plus forts, nos fous rires qui nous rendent plus complices, pour la vie, parfois si dure, qui nous lie encore davantage. Merci d'avoir fait de moi une maman, de m'avoir fait découvrir le rôle de ma vie et de m'avoir donné un si merveilleux petit garçon.

Il y a 3 ans, j'étais persuadée que j'allais être heureuse avec toi. Aujourd'hui, je vois que je ne savais même pas à quel point.
Alors je voudrais te dire merci, aussi, pour tout ce que l'on a pas encore vécu. Mais que j'aime déjà.
Parce que c'est avec toi.



Commentaires

Aurore Mrd a dit…
À en couper le souffle... Je voudrais te lire encore et encore sans m'arrêter. Je vous souhaite tout le bonheur du monde, pour toute votre vie <3
Julie a dit…
J'ai lu tout les articles quel bonheur de lire ces lignes qui mon mis les larmes aux yeux c'est tellement beau sincère et rempli d'amour je vous souhaite vraiment tout le bonheur du monde articles au top comme toujours !!!
Delphine Maarek a dit…
@Aurore
Merci beaucoup à toi, j'en suis très touchée. A bientôt sur le prochain article :)

@Julie
Merci pour tout, ton message me touche énormément ! C'est super encourageant et motivant de lire ça, merci d'avoir pris le temps de me l'écrire !

Unknown a dit…
J'ai découvert ton instagram ce matin et commencé à lire qqu articles je tenais simplement à te faire savoir que ton écriture est trés belle ! C'est un réel plaisir ! Je lis peu, pas le temps, pas la motivation et là ca me donne réellement envie de lire ! Un plaisir Delphine, tes textes sont trés beaux !