Conseil de classe
Ca m'a pris, d'un coup. Éclaboussée alors que je me croyais épargnée.
La rentrée. L'école, le retour des chaussures fermées, de la colle qui sent bon, des livres à recouvrir. Comme le papier cadeau, c'est un don, on l'a ou on l'a pas.
Dans un an, Aaron rentrera en maternelle. Je prendrai sûrement ma journée, le matin je le déposerai et lui dirai au revoir en agitant la main et en feignant un sourire pour dissimuler les larmes.
Un an. Je me suis projetée, et j'ai eu peur.
J'en pleurerais rien qu'en y pensant un peu trop.
Mais il est tout petit messieurs dames. Vous savez, il est né en décembre. Il va rentrer à l'école à 2 ans et 8 mois, alors que d'autres auront déjà soufflé leur 3ème bougie depuis longtemps. Il faudra qu'il soit propre, comme les plus vieux. Mature comme eux. On voudra faire de lui un grand, et moi je retiendrai mon souffle. Vous savez qu'il dort plus de trois heures d'affilée l'après-midi ? Un bébé, je vous ai dit. Non, non, suivons les conseils du père de Nemo. Attendons encore 4 ou 5 ans.
J'ai peur parce que j'ai un bébé tout doux et que j'aurais envie de défoncer la gueule de quiconque ne touche au moindre de ses cheveux bouclés.
Pour moi, l'école c'est pas seulement l'apprentissage et les activités. Pour moi, l'école, c'est l'endroit où la guerre commence.
Aujourd'hui, il partage sa nounou avec une petite fille qui est aussi sa super copine. Dans un an, il seront 20 ou 30. Trouver un copain, le garder, l'aimer, le voir s'en aller avec un autre qui a une plus jolie trousse. C'est le début de la vie, indépendante de ses parents. Tout un monde à explorer, la découverte des bêtises et de l'amitié, mais aussi le rejet, l'exclusion, les moqueries, le harcèlement.
L'école est la meilleure et la pire expérience que l'on inflige à nos enfants parce qu'on a pas le choix, qu'on est tous passés par là, et que c’est ça qui nous rend adultes un jour.
N'empêche.
Ma gorge se serre, les larmes sont prêtes à inonder mes joues. L'imaginer avec son petit sac à dos, me disant au revoir, livré à lui même dans ce monde qui pourrait ne pas lui vouloir que du bien, à lui, lui qui n'est que gentillesse, mignonnerie, lui mon ange, lui la personne la plus douce de la planète. Lui qui dort avec toutes ses peluches contre son petit corps de moins en moins potelé. Lui qui nous caresse la main quand on regarde un film calés à trois dans l'angle du canapé. Lui qui grandira d'un coup et perdra un jour l'innocence d'aimer les pigeons.
J'ai peur mais comme chaque jour depuis 21 mois, je sais bien au fond de moi que je vais devoir arrêter ça. Je prendrai ma peur, je la plierai en 4 et je la rangerai au fond d'un tiroir de mon âme. Elle finira par disparaître, ou reviendra l'année prochaine. Flétrie, j'espère.
Pour aller mieux, je me dit que je mettrais tout mon cœur et toute ma vie à apprendre à mon fils à s'aimer comme il est, et ne jamais trop souffrir, si un copain change de meilleur ami pour une histoire de trousse. A aimer les autres et les respecter, pour ne pas devenir bourreau à son tour.
Je croiserai secrètement les doigts pour qu'il hérite du caractère de son père et soit épargné par mon extrême sensibilité. S'il vous plait, faîtes qu'il ne soit pas fragile comme moi.
Ma conscience se chargera de me rappeler que je ne dois pas reporter mes peurs et mon vécu sur lui. Je l'enverrai bouler cette foutue conscience. Mais je l'écouterai quand même.
Je le laisserai vivre sa vie. Je n'aurai plus qu'à être la quand il a besoin, et quand tout va bien aussi. J'apprendrai à observer du coin de l'œil. J'essaierais de deviner. J'y penserai avec un sourire de façade et 13 kilos d'espoir au fond du cœur.
Bref, je ferai ce que font tous les jours tous les parents.
Allez, à dans un an.
La rentrée. L'école, le retour des chaussures fermées, de la colle qui sent bon, des livres à recouvrir. Comme le papier cadeau, c'est un don, on l'a ou on l'a pas.
Dans un an, Aaron rentrera en maternelle. Je prendrai sûrement ma journée, le matin je le déposerai et lui dirai au revoir en agitant la main et en feignant un sourire pour dissimuler les larmes.
Un an. Je me suis projetée, et j'ai eu peur.
J'en pleurerais rien qu'en y pensant un peu trop.
Mais il est tout petit messieurs dames. Vous savez, il est né en décembre. Il va rentrer à l'école à 2 ans et 8 mois, alors que d'autres auront déjà soufflé leur 3ème bougie depuis longtemps. Il faudra qu'il soit propre, comme les plus vieux. Mature comme eux. On voudra faire de lui un grand, et moi je retiendrai mon souffle. Vous savez qu'il dort plus de trois heures d'affilée l'après-midi ? Un bébé, je vous ai dit. Non, non, suivons les conseils du père de Nemo. Attendons encore 4 ou 5 ans.
J'ai peur parce que j'ai un bébé tout doux et que j'aurais envie de défoncer la gueule de quiconque ne touche au moindre de ses cheveux bouclés.
Pour moi, l'école c'est pas seulement l'apprentissage et les activités. Pour moi, l'école, c'est l'endroit où la guerre commence.
Aujourd'hui, il partage sa nounou avec une petite fille qui est aussi sa super copine. Dans un an, il seront 20 ou 30. Trouver un copain, le garder, l'aimer, le voir s'en aller avec un autre qui a une plus jolie trousse. C'est le début de la vie, indépendante de ses parents. Tout un monde à explorer, la découverte des bêtises et de l'amitié, mais aussi le rejet, l'exclusion, les moqueries, le harcèlement.
L'école est la meilleure et la pire expérience que l'on inflige à nos enfants parce qu'on a pas le choix, qu'on est tous passés par là, et que c’est ça qui nous rend adultes un jour.
N'empêche.
Ma gorge se serre, les larmes sont prêtes à inonder mes joues. L'imaginer avec son petit sac à dos, me disant au revoir, livré à lui même dans ce monde qui pourrait ne pas lui vouloir que du bien, à lui, lui qui n'est que gentillesse, mignonnerie, lui mon ange, lui la personne la plus douce de la planète. Lui qui dort avec toutes ses peluches contre son petit corps de moins en moins potelé. Lui qui nous caresse la main quand on regarde un film calés à trois dans l'angle du canapé. Lui qui grandira d'un coup et perdra un jour l'innocence d'aimer les pigeons.
J'ai peur mais comme chaque jour depuis 21 mois, je sais bien au fond de moi que je vais devoir arrêter ça. Je prendrai ma peur, je la plierai en 4 et je la rangerai au fond d'un tiroir de mon âme. Elle finira par disparaître, ou reviendra l'année prochaine. Flétrie, j'espère.
Pour aller mieux, je me dit que je mettrais tout mon cœur et toute ma vie à apprendre à mon fils à s'aimer comme il est, et ne jamais trop souffrir, si un copain change de meilleur ami pour une histoire de trousse. A aimer les autres et les respecter, pour ne pas devenir bourreau à son tour.
Je croiserai secrètement les doigts pour qu'il hérite du caractère de son père et soit épargné par mon extrême sensibilité. S'il vous plait, faîtes qu'il ne soit pas fragile comme moi.
Ma conscience se chargera de me rappeler que je ne dois pas reporter mes peurs et mon vécu sur lui. Je l'enverrai bouler cette foutue conscience. Mais je l'écouterai quand même.
Je le laisserai vivre sa vie. Je n'aurai plus qu'à être la quand il a besoin, et quand tout va bien aussi. J'apprendrai à observer du coin de l'œil. J'essaierais de deviner. J'y penserai avec un sourire de façade et 13 kilos d'espoir au fond du cœur.
Bref, je ferai ce que font tous les jours tous les parents.
Allez, à dans un an.
Commentaires
Bon je te raconte ça mais maintenant j'ai mon 2 eme qui rentre l'année prochaine aussi et tout recommence, les mêmes peurs, les mêmes questions mais on fond je sais que tout se passera bien. J'ai confiance en eux.