FAQ spéciale photographie et Instagram

Ça a commencé avec les pubs Calvin Klein, corps de rêve luisants, mannequins transpirants de sexualité. J'en étais complètement dingue, j'extirpais soigneusement de la tranche des magazines les doubles pages que je scotchais minutieusement ensuite en espérant que la marque de la reliure ne se verrait pas, et je les affichais dans ma chambre. J'ai toujours été plus sensible à la beauté des femmes. J'avais 14 ans et ça me faisait rêver. J'adore les mannequins. Je mettais toutes ces précieuses photos de publicité derrière ma porte, car je n'ai jamais eu le droit d'accrocher des posters, c'est trop vulgaire. Alors derrière cette porte de chambre de bonne, il y avait Natalia Vodianova en noir et blanc, Scarlett Johansson pour la pub The One, et la tribu sexy Calvin Klein Jeans. Je récupérais tous les numéros du magazine Photo de mon beau-père. Je n'ai jamais voulu en faire, je me contentais de les admirer. J'aime la photo, je n'ai pas besoin d'en être l'auteur. C'est resté. Il y a eu l'avènement des selfies, Facebook, les perches, Instagram, et d'un coup la photographie est devenu un art qui parlait à tout le monde. On a abusé des filtres, on a découvert Photoshop et ses alliés, et maintenant on s'improvise tous photographes.

Je ne suis pas photographe. Je travaille dans une agence de photo de presse et je peux vous dire en toute humilité que les petites photos que je fais ne sont qu'un travail d'amateur, pour le plaisir. Je vois tous les jours des photos de vrais photographes professionnels, des gens qui ne se mettent pas en automatique et n'ont pas besoin de filtres Ludwig pour mettre en valeur leur travail. J'ai fait des progrès, depuis deux ans, j'ai eu un Reflex, ça change la vie, mais c'est vraiment en totale modestie que je réponds aux questions qui me sont posées sur Instagram au sujet de la photographie, car je suis loin d'être une grande photographe... Je tenais à revenir sur ce point avant d'entrer dans le vif du sujet. Maintenant que cela est dit, voici tous les petits secrets de mon feed.


1-Trouver une ligne éditoriale (ou pas)

Quand j'ai commencé sur Instagram, tout était naturel, simple, et il n'y avait pas encore le fléau du "partage mutuel" (vous savez quand quelqu'un avec qui vous n'avez jamais parlé et parfois que vous ne suivez même pas, vous propose la grâce de partager votre compte, à condition que vous lui retourniez la faveur ? un concept délicieux, si authentique...). Je postais au gré de mes envies, des photos moches de ma planche d'aubergines coupées en racontant que je faisais des petits pots pour mon nounours de 6 mois. Parce que j'aime la photographie, je vous jure que j'ai toujours essayé de bien faire et que ce soit joli visuellement. Avec le recul c'était simplement catastrophique et parfois je me replonge dans les abysses de mon profil instagram pour faire du tri, par honte. J'ai évolué avec le temps, je pense que je me suis améliorée, sûrement en m'inspirant de superbes comptes aux tons bien léchés et à l'ordre parfaitement travaillé. Mon défaut principal sur Instagram, et ce pendant des mois, c'est de vouloir à tout prix poster régulièrement, pour ne pas déserter plusieurs jours de suite. En conséquence, je pense que j'ai parfois posté des images inutiles ou pas vraiment jolies juste pour maintenir ma fréquence.
J'ai aussi l'éternel dilemme sur mes priorités : un partage spontané de scènes de vies quotidiennes ou un feed parfait aux couleurs harmonieuses ? J'ai oscillé entre les deux depuis deux ans. Je n'ai jamais voulu me tenir à un "code couleur" (tons neutres, tons blancs, tons bleus), trop restrictif à mon goût, alors parfois j'essaie d'enchaîner quelques photos dans le même esprit, et paf, une photo "sur le vif", une scène de vie quotidienne qui n'a pas été calculée, vient se greffer au diapo et rompre le petit équilibre fragile que j'avais construit avant. Je n'ai pas de conseil à donner à ce sujet, c'est un vrai choix éditorial. Il y a des feeds beaux et spontanés (big up à vous), des feeds très beaux et très travaillés, on sent que les photos attendent patiemment d'être postées dans un ordre établi à l'avance, cela n'est pas très naturel mais visuellement c'est magnifique, je passe beaucoup de temps à admirer ces comptes-là, et il y a les feeds borderline, moches et spontanés, avec 3 filtres différents sur la même ligne, des photos horizontales qu'on a même pas pris la peine de retourner et mais avec des photos tellement fraîches et naturelles qu'on y prend goût, et ça marche quand même.

Moi je pense être un mix de tout cela. Récemment je privilégie quand même l'esthétique de mon profil à sa spontanéité. Je poste moins, mais mieux. Je prends du recul. Les applications sont addictives, combien de fois j'ai forcé mon mari à prendre des photos pour avoir du contenu à poster (Shame on me). Je me sers des InstaStory pour partager des tranches de vie inesthétiques et de mon feed pour les belles images, en tout cas je tends vers cela de plus en plus. A vous de définir dès le départ selon vos envies... et le temps que vous souhaitez y consacrer aussi.


2- Matériel

Mes photos viennent de 2 appareils différents:
-Iphone 7 (pour tous les selfies)
-Reflex Canon 1300D

Cet appareil photo je l'ai depuis un peu plus de 6 mois et comme je m'y connais mal j'ai fait des tonnes de recherches pour savoir comment m'en servir. Je suis toujours aussi nulle sur les aspects techniques alors je vais être honnête avec vous : je me mets pratiquement tout le temps en mode automatique. Le deuxième mode que j'utilise est le mode "sans flash" car j'ai HORREUR mais vraiment horreur du flash. C'est la raison pour laquelle je ne prends pratiquement jamais mes photos le soir ou en fin de journée en intérieur. Je ne shoote qu'en pleine journée quand la luminosité est à son max. Je n'aime pas les lumières jaunes, je ne suis pas assez douée pour les sublimer. Quand j'ai commencé à nourrir mon flux instagram, justement, je postais beaucoup de photos ratées prises le soir en hiver avec une lumière bien naze, et c'est vraiment irrattrapable pour le coup, même avec des filtres. Il me restait que le noir & blanc pour cacher la misère. Donc, pour ma part, pas de flash, et lumière naturelle.
En faisant l'acquisition de cet appareil photo, ce que je voulais à tout prix c'était ce qui vous intéresse aussi : le flou d'arrière-plan.
Alors pour cela, sachez qu'un Reflex comme le mien est vendu avec un objectif "basique" qui doit servir au plus grand nombre de scènes possibles, du portrait au paysage, il est "multi-fonctions". Il peut tout à fait jouer avec la profondeur de champ et produire ce flou avec cet objectif de base, mais pour l'avoir au max, à 100%, il faut un autre objectif. J'ai opté pour un 50mm et c'est mon préféré ! C'est le meilleur à mon sens pour faire du portrait, ou des "photos artistiques" de votre bouffe comme je les appelle quand j'ai une belle assiette bien instagramable. Pour des photos d'anniversaire ou vous voulez prendre toutes vos copines en pied en mode brochette, oubliez, il vous faudra 10 mètres de recul pour les avoir en entier. C'est vraiment l'objectif idéal pour les plans serrés, ça tombe bien, ce sont mes préférés, ceux qui font passer une émotion, une expression, une ambiance.

Voici les liens direct et noms exacts des modèles du site Canon :
-Canon EOS 1300d avec objectif 18-55mm (objectif de base vendu avec le boitier)
-Objectif 50 mm (mon préféré!)

Pour l'Iphone... à part trouver la plus belle luminosité, pas de miracle. C'est un appareil performant pour un téléphone portable mais il a ses limites. Le post-traitement fait tout le boulot.


3- Prise de vue & Inspiration

L'inspiration, je la trouve soit toute seule, une idée fulgurante d'un coup, soit en flânant sur Instagram.  J'adorais me balader sur le site WeHeartIt aussi (sorte de Pinterest moins connu). Pour moi, l'équilibre parfait, c'est quand on réussi à profiter de la vie et de ses journées sans tout photographier (et poster dans la foulée) au risque de devenir esclave de son téléphone et un fantôme pour son entourage. Mais parce que la photographie, c'est aussi du temps, de l'énergie, du travail (la photo ne va pas s'imposer à vous si vous n'ouvrez pas l'oeil ou si vous ne décidez pas de la créer au moment opportun)... il y a un juste milieu à adopter. J'ai amèrement regretté le manque de photo de ma première grossesse lorsque j'étais enceinte d'Aaron, je n'ai même pas de photo de lui et moi à la maternité, et les photos de famille de nous 3 en famille sont rarissimes. La raison est simple : j'avais beau être déjà très "branchée photo", soit je ne prenais pas le temps d'en faire, soit j'avais peur de demander à quelqu'un d'en faire pour moi et ennuyer tout le monde. Mon blog et mes débuts sur Instagram m'ont permis de légitimer mes envies et aujourd'hui, je n'ai plus honte de réclamer à mon mari une petite séance photo pour immortaliser ces moments précieux.
Attends deux secondes chéri, je prends une photo artistique de mon bol de fraises. Les "natures mortes", c'est à dire les repas ou les photos de mode/déco, n'ont rien de spécial, ce sont les plus simples et les moins contraignantes à prendre à mon sens. Si vous avez votre appareil photo sous la main, en 30 secondes c'est fait. Mon conseil d'ancienne posteuse de photo compulsive : prenez votre temps. Si vous postez votre tomate-mozza une heure après l'avoir mangée, personne ne vous en voudra. En revanche si toute votre famille vous attend pour attaquer, ça devient problématique. Prenez la photo, et postez-la ensuite quand vous aurez 5 minutes devant vous au calme pour faire vos réglages sans précipitation.
Pour mes selfies, mes looks et photos de grossesse: soit je me prends seule, avec ou sans perche, soit je réclame l'aide du mari. J'ai souvent une idée en tête très précise, j'imagine une photo dans ma tête et j'essaie de la reproduire: dans 90% des cas, je n'y arrive pas, et j'obtiens... autre chose ! Ce n'est souvent ni moins bon, ni meilleur, c'est juste différent, et c'est comme ça, c'est aussi la magie de la photographie, on ne peut pas tout contrôler, surtout quand les sujets sont vivants. Je ne suis absolument pas photogénique. J'ai un profil préféré, des petits yeux quand je souris, je ne sais jamais quoi faire de mes bras et je lutte pour ne plus faire ce stupide duckface. Je sais en lisant vos commentaires que ça semble facile et que certaines d'entre vous me croient photogéniques, mais la vérité c'est que pour 50 photos prises, j'en garde 2 en pestant contre mon double menton ou mon air idiot. En revanche, j'essaie toujours de sourire plus ou moins, je trouve qu'il n'y a rien de pire que les profils remplis de selfies face caméra avec une mono expression mi-neutre, mi-dédaigneuse avec la bouche légèrement entrouverte façon poisson mort. Poser c'est bien, parfois ça fonctionne et ça reste mignon, mais le top, c'est quand même le naturel. Alors quand on se pose sur le parking de la crèche avec le mari avant d'aller chercher Aaron, qu'on sort l'appareil parce qu'on a un peu d'avance et qu'on se rend compte qu'il y a une tonne de vent, on s'en fout, on improvise une petite séance, je marche, je lui parle, on rigole, il appuie limite en mode rafale, et dans le lot, il y en a bien 4 ou 5 qui marcheront. Je fais en sorte que cela ne nous prenne jamais plus de 10 minutes pour la prise de vue. Je ne suis pas blogueuse mode, et mon mari n'est pas photographe. On fait avec ce qu'on a. Je prends le temps, une fois mon fils couché, pour trier mes photos, les retoucher, etc. Parfois, c'est raté, je n'aime pas, je suis moche, grosse, bouffie, ma tenue ne rend absolument pas comme je croyais que je me suis vue dans le miroir, t'as vu les bourrelets, la vache. J'efface tout. Next. Tant pis.
Les samedis après-midi, quand mon homme travaille et qu'Aaron fait la sieste, je suis chez moi à traînasser, insta, télé, petit café. Et quand je suis tombée enceinte, c'est devenu naturellement le moment idéal pour faire quelques selfies "grossesse". J'improvise une séance en essayant de varier les clichés, et de m'amuser au passage.
Je conçois que cela puisse sembler futile. Les jolies choses prennent toujours du temps. Tout est une question d'envies et de priorités. C'est un choix personnel. De mon côté, ma seule limite est que cela n'empiète pas sur le bien-être et le temps que je consacre à ma famille.


4- Editing, retouches, filtres : post-traitement des photos

Parce que je n'ai jamais assez de place dans mon téléphone, je fais toujours des éditings les plus serrés possible : je garde les 5 meilleures, par plus. Sinon, on ne s'en sort pas, et on sait bien que le jour où l'on se décidera enfin à les développer pour remplir un album, on n'en choisira sûrement une seule. Voici mes applications chouchoutes:
-Facetune: c'est une appli de retouche comme un photoshop express. Méfiance, avec celle-ci, la tentation est forte de gommer toutes les rides et cellulite (grâce à la fonction "lissage"), se faire des yeux de husky (grâce au bouton "détail"), et des jambes de 10 mètres (grâce à l'option "affiner"). Je m'en sers avec parcimonie pour reprendre les petites imperfections disgracieuses (cernes, boutons, veines) ou sublimer un grain de peau... en essayant de garder le plus de naturel possible. Tomber dans le piège de l'excès de retouche, non seulement c'est dommage car cela se voit et gâche le côté authentique, mais en plus ce n'est pas bon pour l'estime de soi (quand on se voit sans retouche on tombe de sa chaise!). Le mieux est l'ennemi du bien. Mais bien utilisée, c'est une vraie alliée et elle permet d'obtenir de jolis résultats surtout quand la photo a été prise avec un simple Iphone.
-Phonto: c'est l'appli dont je me sers pour ajouter le watermark ©OursonChéri sur les photos d'Aaron, et qui me permet aussi de mettre des bords blancs aux photos en paysage et en hauteur afin d'avoir le format carré Instagram.
-Instagram: c'est avec cette appli que je retouche tout le reste. Mon filtre de prédilection c'est Ludwig. Je ne le mets jamais à 100%, j'ajuste. Parfois je me laisse tenter par le Aden mais il est plus tristounet. Je préfère les tons vifs. Pour les paysages et extérieurs, le Clarendon peut faire des très belles choses (toujours en ajustant). Une fois le filtre sélectionné, mes outils favoris sont luminosité/hautes lumières, contraste, estomper, chaleur (souvent je la diminue car les photos d'Iphone ont tendance à tirer sur le jaune... ça équilibre), saturation (pour réchauffer le teint c'est génial mais quand on porte du rouge c'est mort car ça le fait ressortir plus flashy que jamais, c'est con la vie) et parfois couleur, je mets une mini touche de bleu pour neutraliser les tons trop chauds. J'ajoute de la netteté en dernier point ! Je n'aime pas les noir & blanc d'Instagram. Pour du noir & blanc, je me sers des filtres de l'Iphone, le premier est mon préféré.
Parfois je me sers aussi de l'outil "vignette" qui assombrit les coins. Ca donne un petit côté rétro. On m'a posé la questions des réglages sur une photo face fenêtre. Elle a été prise avec un Reflex. Quand on se risque au contre-jour, mieux vaut miser sur du matériel performant. Avec un bon appareil photo, les contre-jour peuvent très bien marcher, après il suffit de régler la luminosité et le contraste ensuite pour varier les effets, très contrastée, ou très lumineuse, tout dépend de vos goûts aussi.

Pour les prises de vues des enfants et des bébés marcheurs: j'ai tendance à comparer ça avec un documentaire animalier. Aaron n'est pas fan de photo, il a même eu sa phase où il n'en voulait pas, impossible de faire le moindre cliché de lui ni un selfie. Jamais je ne lui imposerais. Quand il n'est pas contre en revanche, cela demande juste de la patience. Je me pose quelque part pas loin de lui, je m'adapte à son environnement (je me place stratégiquement par rapport à la lumière) et j'attends le doigt sur le bouton pour shooter. Parfois, on discute, il fait abstraction de l'appareil, et j'arrive à le faire rire en même temps que j'appuie. Là, en général, c'est gagné, j'ai mon nouveau cliché préféré. Parfois il ne prête pas attention à moi et je me délecte de ses expressions naturelles.

C'est du temps, c'est de la passion. Je le fais et j'apprends, par amour de l'image, du beau, et l'envie de créer des souvenirs aussi jolis que possible. Pour nous plus tard, pour lui quand il sera grand, peut-être même pour ses enfants, et ses petits-enfants.

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J'espère avoir répondu à toutes vos questions, si jamais ce n'était pas le cas, faites-le moi savoir en commentaire. Si vous avez des petites astuces bien à vous, que vous nous voulez partager, n'hésitez pas. Et si vous êtes photographe professionnel et que vous me prenez pour une brêle, vous avez sûrement raison, mais je travaille, promis !


  Pour nous retrouver sur Instagram, c'est par ici





© Ourson Chéri (source Instagram)






Commentaires

Lucie a dit…
Un objectif 35mm pour le flou est super
Unknown a dit…
J'ai une question bête! Comment tu transfères les photos prises avec ton appareil sur Instagram? Il me semble que ce n'est pas possible d'un ordinateur.
Unknown a dit…
Question bête mais comment fais-tu pour transférer les photos de ton appareil sur Instagram? Il me semble que l'app n'est pas développée pour les ordinateurs.
Delphine Maarek a dit…
@Eva Garcia

J'ai une application Canon sur mon Iphone qui me permet de me connecter en Wifi sur mon appareil photo et d'y télécharger les photos directement. Sinon je me les renvoie tout simplement par mail ou texto depuis mon ordinateur portable!