Ma chérie petit chat (lettre 1/18)

Ma chère Neva...

ma douce petite fille. Je n'aurais jamais cru possible d'aimer autant, après la naissance de ton grand frère, jusqu'à ce que tu naisses à ton tour. C'était un 4 juillet, une promesse de feu d'artifices. Je ne saurais expliquer ce lien qu'il y a entre nous, c'est magique, alchimique. Je nous revois toutes les deux à la maternité, la facilité avec laquelle tout s'est mis en place, cette odeur bien à toi, ce petit teint de pêche et ces yeux que je trouvais déjà si bleus. Je t'ai immédiatement adorée, tu passais ta vie dans mes bras et j'aimais ça. Aujourd'hui tu es une petite fille d'un an belle comme le jour qui aime plus que tout au monde ouvrir les tiroirs, toucher tout ce qui est interdit et nous faire un sourire avec les yeux plissés dès que l'on on t'a grillée. Tu aimes tellement ton frère, c'est fou, cette passion que tu as pour lui, tu ris à toutes ses folies, lui fais des câlins et écoute tous ses spectacles. 
1 an déjà... Et pourtant, comme si c’était hier. Les nausées jamais connues de ce premier trimestre infernal, la chambre sirène qui n’attendait que toi, cette chemise que j’ai repassée pour ton papa le matin même en sachant au fond de moi qu’il n’irait pas au travail aujourd’hui. 
Un an déjà que je me pince pour savoir comment j’ai fait pour avoir une petite fille aussi jolie, un an que je profite de chaque seconde avec toi, même si je disais souvent que je ne n'étais pas fan des tous premiers mois. Tu es ma deuxième et probablement ma petite dernière, alors je compte tes mois, je savoure. Il y a ce je-ne-sais-quoi entre nous deux que personne n’explique, il y a ce sourire qui ne te quitte jamais, cette curiosité qui t’anime et nous épuise, impossible de te lâcher dans une pièce sans éviter dix bêtises à la minute.
Il y a ton corps potelé de bébé qui deviendra celui d'une jeune fille, que j'ai hâte déjà d'écouter et d'admirer. Ma merveilleuse petite fille, cette lettre est la première d'une série de 18. Des lettres que tu recevras d'un coup et que tu liras à l'âge où je serais peut-être une vieille conne parce que je t'aurais interdit de sortir ou de mettre du noir sur tes yeux. 
Ma Neva sache que je t'aime depuis le 4 juillet 2017 et que tu as changé mon monde, celui que je croyais figé depuis Aaron. Tu es arrivée et tu as pris cette place qu'il fallait inventer. Elle ne pouvait que t'appartenir, on t'as tous aimée, tout de suite, à la fourmi! Tu as tout bouleversé avec ta plus grande qualité, celle à laquelle je pense toujours en premier: ta douceur. Tu es un bonbon, c'est tout. Trop douce, trop câline, trop mignonne. Calme, attendrissante, adorable. Et si belle... on sait bien, que l'on y peut rien. On sait bien que les parents trouvent toujours beaux leurs enfants. Mais ta beauté, ma chérie. Un mélange de perfection et de charisme fou quand tu nous souris. Je te regarderai des heures. Toute la vie. Je serai toujours là pour sécher tes peines et suivre tes coups de coeur. En un an, tu as appris à rouler, ramper, te déplacer à quatre pattes, marcher le long des meubles, crier, rire, faire la moue pour nous faire craquer, nous appeler, attraper les plus petits des jouets, fermer et ouvrir des portes à l'infini et faire exploser nos coeurs guéris. Tu manges comme une petite ogresse, tu aimes absolument tout, au début tu avais du mal avec les purées, on t'as amadouée en mixant le couscous du vendredi soir, et c'est venu, petit à petit, les légumes, les pâtes, les boudoirs qui fondent sous tes doigts. Le repas c'est sacré. Tu n'aimes pas tellement tes jouets, pourtant on se donne un mal fou pour t'apprendre à les aimer, non toi ce qui t'intéresse c'est le rouleau de scotch, le tiroir du meuble télé, la télécommande, le noyau d'avocat qu'on essaie désespérément de faire pousser dans la cuisine, les aimants du frigo, déchirer les prospectus, la chambre d'Aaron, la cuisine d'Aaron, les jouets d'Aaron. Et puis parfois on ferme tous les portes, il ne reste que ta chambre, là tu daignes un peu regarder ce qu'il s'y passe, alors en général ce sont les petits livres musicaux, tu sais comment appuyer sur le bouton pour lancer la chanson et ça me rend drôlement fière ma princesse. Tu adores ta peluche Marie, le petit chat blanc aux yeux bleus des Aristochats qui te ressemble comme deux gouttes d'eau. Contrairement à ton frère que l'on avait déjà initié aux Disney, tu connais encore peu les dessins animés, toi tu vis avec la Pat' Patrouille et les pyjamasques en bruit de fond. C'est peut-être ça, être une petite soeur ? Tu ne seras jamais seule, puisque ton meilleur ami est déjà né. Tu ne découvriras pas Cendrillon, il sera déjà là pour te montrer. Et surtout il pourra t'apprendre. Tu aimes le bain, ma sirène, c'est le seul endroit où tu aimes te poser pour jouer, de longues minutes, des heures si tu pouvais. Tu souris toujours au réveil, et rouspète en te couchant, j'imagine que tu aimes trop la vie pour dormir, tu as raison, quelle perte de temps. J'ai souvent craqué en voyant les robes de petites filles, en admirant les barrettes et les sacs à paillettes. Puis j'ai eu Aaron, et j'ai compris que ces futilités n'étaient rien, à côté du vrai bébé, celui qui vit, qui rit, bref qui est tout sauf une poupée. La veille de Noël, on a fait la première écho, j'ai observé l'écran et j'ai compris que tu étais une fille. C'était une évidence pour moi je n'avais plus de doute. Le docteur nous a confirmé une tendance à 80%, nous a demandé si on voulais savoir, j'ai dit oui en pouffant intérieurement, allez-y, je sais déjà mais oui, allez-y, dites-le. Une fille. Ce sera une fille.
Evidemment mon côté matérialiste a pris le dessus, j'ai acheté du liberty, j'ai rempli les tiroirs de rose poudré, et j'ai acheté des chaussures trop grandes pour ta première année. Mais comme pour Aaron, je réalise à quel point c'est toi qui fait vivre ces cols claudines, que plus rien n'aurait de saveur si tu n'étais pas là pour ouvrir inlassablement ces fichus tiroirs remplis de rose, que c'est toi la vie, Neva, que tu sois en liberty ou pas. 

Tu as un an, et je suis sur le point d'en avoir 30. J'ai eu tendance à rejeter ce temps qui passe trop vite, moi qui quitte la vingtaine, trop bizarre, moi en vieille, trop nul. Et aujourd'hui à côté des cadeaux que j'emballe, à coté des barrettes qui retiennent tes cheveux qui ne font que des "biquettes" mais qu'il faudra bientôt peigner et démêler, à coté de mon appareil photo qui est là, à chaque instant, pour tout immortaliser, je comprend. Que c'est bon de vivre. Que c'est beau de vieillir. 
Merci d'avoir ajouté ce rayon qui manquait aux soleils de nos vies. Il n'y ni assez de mots ni assez de place pour te dire comme je t'aime. Heureusement il te restera des lettres, peut-être y serait-je arrivée au bout de la 17ème ? 

A ces années qui passent, à la vie qui nous a déja tant donné, à tout ce qui reste à découvrir, à tes côtés. 
Joyeux anniversaire ma merveille sirène brioche de ma vie de mon coeur de poussinette.
Je t'aime, petit chat adoré.