Celle que je suis devenue (birthday edition)

Mercredi 29 août 2018
 

Je me réveille aux côtés d’un poussin en pyjama batman qui ronfle, dort en biais et m’envoie son coco dans la figure. Je retrouve mon mari endormi recroquevillé dans le canapé du salon. Apparemment il y a eu de l’orage cette nuit. Je me lève, comme chaque jour, sauf qu’aujourd'hui, autour de dix heures et demi, j’aurai 30 ans.












Dans le film "30 ans sinon rien", elle imagine ça comme une fête géante où l’on atteint l’âge d'avoir un super job, des vrais amis, de l’argent pour s’offrir ce qu’on veut, et l’autorisation éternelle de boulotter des bonbons à n’importe quelle heure ou se faire des couettes avec des chouchous à paillettes. C’est l’âge où les souvenirs douloureux du collège ne sont qu’une revanche de plus à prendre sur la vie. Et c’est l’âge auquel on risque de basculer dans un monde où plus personne ne danse en soirée.



J’ai 30 ans et je peux parler du bon vieux temps. Les tamagochi, yakalélo et la sortie du Roi Lion. Les francs. Le passage à l’an 2000. Je suis officiellement une trentenaire parce que je vous assurerai avec certitude que c’est moi qui ai eu la meilleure époque. Quand on écoutait R. Kelly, Tragédie, Sully Séfil, Diam’s, les Destiny’s Child, Linkin' Park et Avril Lavigne. Mariah Carey avait encore la plus belle voix du monde, Britney Spears savait danser mieux que personne et Usher avait changé nos vies. Il n’y avait ni Instagram ni Tinder, mais MSN et les skyblogs. On s’écrivait des mots dans nos agendas pour passer le temps en cours, la coiffure Tony & Guy était à la mode alors que c’était un remake foireux de la coupe mulet, et on se demandait officiellement « Tu veux sortir avec moi? » (enfin, sauf à moi, rappelez-vous, vilain petit canard, toussa).



Qu’est-ce que j’avais imaginé pour moi à trente ans ? Comme mon héroïne du jour Jennifer Garner, l’adolescence n’a pas été la période la plus glorieuse de mon existence, je ne pouvais qu'aller mieux. Faut-il vraiment faire un bilan, compter ses années de mariage et ses enfants ? Sûrement pas. Je crois qu’à 30 ans je voulais de toutes mes forces être une femme forte, indépendante, et heureuse.

J’ai voulu être biologiste marin pour travailler avec les dauphins, prof, psychologue, journaliste. Je suis comme Diane Von Furstenberg, je ne savais pas vraiment ce que je voulais faire mais je savais qui je voulais être. Je voulais avoir une famille et un travail. Je voulais sentir le café dans ma maison quand je pars le matin et mes talons claquer sur le parquet. Je voulais me sentir aimée. C’était ma seule priorité. Je carbure à ça moi, mon coeur, cette éponge, c'est mon moteur. Je manque toujours d’assurance, je fissure encore trop souvent, mais avec un peu d’amour, je fais des étincelles. Lui, Eux, tous. Ils sont les lumières dans ma vie.


J’avais peur qu’ils aient mon nez. Mes enfants. Je ne voulais pas qu’ils portent ce fardeau et si j’avais pu choisir je leur aurai aussi épargné ma fragilité, mes fêlures, mon cœur cabossé et ma susceptibilité. Comme tous les gens qui ne s’aiment pas vraiment, je me vexe vite, trop vite. Ça me contrarie, j’y repense, ça m’angoisse, je me sens mal. Et si personne ne m’aimait ? Et si je n’étais pas digne d’être aimée ?

J’ai 30 ans et je suis presque la même depuis tout ce temps. Quand on est petit, les gens veulent à tout prix nous dire à qui on ressemble. Moi, souvent les gens étaient partagés. « C’est un mélange ». J’ai les yeux de mon père et le sourire de ma mère. Des taches de rousseur seulement en été et des pieds beaucoup trop grands par rapport à ma taille. Mais il y a des choses que je n’ai hérité de personne et des chemins que je prendrais seule.

Quand mon fils est né et que je l’ai vu, il y a deux traits qui m’ont frappée. Il a la bouche de son père et il n’a pas mon nez. J’ai remercié les cieux et il a grandit. Il s’est mis à aimer les tomates, le citron, et le gruyère râpé grignoté au-dessus du sachet la porte du frigo encore ouverte. Il était doux et calme. Souriant et câlin. Il a la forme de mes yeux, une fossette unique sur la joue gauche (moi c’est la droite) et des petites dents écartées. Il aime me regarder faire à manger et adore les pâtes. Il peut passer des heures à regarder des Disney sans jamais se lasser et passer des journées sans avoir envie de sortir prendre l’air. Il est casanier, sauvage, timide et à la fois, il adore les gens et faire le pitre dès qu’il se sent confiant. Il dessine, peint, invente les meilleures histoires. Avec une mémoire d’éléphant qui se souvient des moindres détails et une façon de jouer la comédie très théâtrale, c'est une version miniature de moi en garçon. Je l’aurai parié d’avance: Neva n’est pas comme nous deux. Un caractère de feu. Les yeux en amande, le nez en trompette et la blondeur hérités de son papa bébé. Oh oui je pourrais aller vite et vous ranger dans ces cases qui vous semblent prédestinées. Aaron c’est sa mère, Neva c’est son père. Ce serait oublier son sourire à lui et ses cheveux lisses à elle
Et s’ils n’étaient qu’eux ? Je crois que je ne ressemble qu'à moi et que j'ai ma propre route à tracer. Je crois qu’on a tous une chance d’être unique. Ils n'ont pas la même enfance que nous, pas le même environnement, regardez, moi j’étais une princesse, lui il aime Iron Man et les serpents. C’est comme les empreintes digitales, il y en a pas deux comme moi, il n’y en aura jamais deux comme lui. Il trouvera sa voie, il se trompera, il réussira, il ira loin, il se contentera de ce dont il a besoin, il manquera de confiance en lui, il sera prêt à conquérir le monde, elle n’aimera pas les sirènes, elle sera la fille la plus populaire du collège, elle emmerdera les gens qui se moqueront d’elle, elle sera sportive, chef d'entreprise, suiveuse, leadeuse, gourmande, indépendante, tout ça à la fois. 
Ils seront aventuriers ou prudents, ils ressembleront à leur papa ou à leur maman, ils feront ce qui les rend heureux, tant qu’ils gardent cette étincelle dans leur yeux gris et bleus. Ils seront qui ils veulent tant qu’ils sourient. On leur a donné des petits bouts de nous sans savoir quoi, ils feront le reste du chemin avec ce que la vie leur a donné, ce sera leur choix.

Je l'ai toujours pensé et aujourd'hui je réalise que ça vaut pour moi aussi. 

J’ai 30 ans et j’ai longtemps détesté qui j’étais. Mes manières, mes qualités, mes défauts, les petits trucs qui font de moi « moi » et tous mes travers. Je ne me ferais jamais à cette complexité, je suis une prise de tête ambulante, un coeur sur pattes, une analyste des sentiments, une obsédée de l’amour. Je vis pour l’émotion, je n'écoute que mon intuition, je me désespère un peu de pleurer à chaudes larmes si facilement au cinéma, ou pour cette nostalgie qui m’habite quand je repasse à mes anciennes adresses, pour ma gorge qui se noue devant des photos de David et moi plus jeunes, pour mes yeux embués devant les bodies trop petits de mes bébés, pour mon cœur serré quand je sens son parfum après 24h d’absence, pour les odeurs de vacances qui me hantent toujours au moment du départ et pour sa voix qui me berce avant de dormir, comme une comptine chantée à voix basse dont on ne se lasserait jamais.



Aujourd’hui j’ai 30 ans. Il est là, autour de moi, je le sens, cet amour dont on m’enveloppe soigneusement, mes amours, mes amis, ma famille, les enfants, les larmes, les fous rires, je les vois, et je le prends, plus jamais je n’attendrais dans un coin en me lamentant. Oh oui j’encaisse moins bien les nuits blanches, les rides ne vont pas tarder à pointer le bout de leur nez, vous n’avez jamais entendu parler de Sully Séfil et ma chère Britney n’est plus tout à fait la reine de la pop. Mais il y a des gens qui m’aiment. J'ai beau avoir 30 ans aujourd'hui, ils m'ont rendue immortelle.

Hé la jeunesse, t'es là ? 
J'étais comme toi, tu sais.
Au fond, je n'ai pas changé. 
Approche, que je murmure à ton oreille...
On danse toujours aux soirées. 




© Ourson Chéri



Commentaires

H-L a dit…
Hello jeune jolie femme à la plume d’or ,
J’ai adoré lire ton article j’aurai pu écrire exactement certaines lignes ! J’aurai 30 ans le 30 mars c’est clair que nous avons eu la chambre de vivre la
Plus belle des
Époques

Femmes - épouses et mères aujourd’hui ! Continuons de croquer la vie à pleines dents a garder notre âme d’, à rire aux éclats, à rêver de romances, d’aimer fort, à la folie mais toujours sincèrement , joyeux anniversaire à toi ����

J’aime beaucoup te suivre sur Instagram mon chéri est aussi un ours, mon �� et dieu merci mes enfants ont également pas hérité de mon nez ! ♥️��

N’hésite pas à venir faire un tour sur mon IG ( HealthyMumLife gros bisous de Bruxelles
Homeandeco a dit…
Encore joyeux anniversaire ... Nous avons le même âge et comme tjs tu me mets des frissons. J'adore te lire! Je t'embrasse et te suis ici et sur instagram ! Laure de Homeandeco
Unknown a dit…
Très bel article ! Merci de nous partager ces émotions :)
Joyeux anniversaire !
Chloé L a dit…
Dans ma vie de tous les jours mes yeux s'embuent avec une rapidité déconcertante et c'est le cas à chacun de tes articles.
Je suis peut-être trop émotive, trop sensible ou je ne sais quoi, pas besoin de mettre d'étiquette sur ça.
Tes mots me parviennent toujours droit au cœur et je ne me lasse pas de te suivre pour cela !
Joyeux Anniversaire plein de nostalgie mais surtout de bonheur de la vie d'aujourd'hui !!