D'amour et d'eau salée (les vacances)
Gare Montparnasse. 17 juillet 2018.
J’adore Anna Gavalda. J’ai lu 100 fois « Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part » en rêvant qu’un jour je croiserai sur ma route « quelqu’un » comme ceux qu’elle décrit. Les timides, les écorchés, les forts, les sensibles, ceux qui sont un peu tout ça à la fois. J’aimais les gares et j’aimais cette fille nue à la fin qui s’enveloppe juste d’un ruban pour dire à un mec qu’elle l’aime. C’est Anna Gavalda qui m’a fait lire en dehors du collège et c’est sûrement elle qui m’a donné envie d’écrire. Aujourd’hui j’ai marché seule dans la Gare Montparnasse -ma préférée- en ayant hâte de les retrouver tous les 3. Et aujourd’hui au moment d’embarquer j’ai réalisé que j’avais quelqu’un qui m’attendait quelque part. Ça fait 9 ans mais après 4 nuits loin de lui, j’ai l’impression que c’était hier, l’époque où je me remaquillais même tard le soir, juste avant de le voir, que j’avais toujours des chewing-gums et que j’appuyais deux fois sur son bras avec mon doigt pour dire je t’aime sans utiliser de mots. J’ai toujours le cœur qui bondit quand il me regarde comme ça, toujours un sourire bête au téléphone et toujours du mal à raccrocher la première. Je sais que tu m’attendra toujours quelque part mon amour, maintenant, viens me chercher.
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Le train démarre. Le soleil chauffe doucement à travers la vitre. La première classe est confortable, mon chargeur est en place, la voix grave de Drake résonne dans mes oreilles et je suis bien. Je pense à eux, je pense à lui, j'ai vécu pendant 4 jours comme une célibataire sans enfants, alors je me surprends même à m’agacer face au petit garçon qui court, hurle, baisse et relève 30 fois à la minute la tablette du fauteuil derrière le mien. La maman en moi est endormie. Un voyage paisible, pas de berceuse à chanter, pas de tétine à ramasser ni de "pas grave, elle est tombée du bon côté", pas de purée à réchauffer, pas de gommettes à coller, pas de petits personnages à faire parler, pas de "je veux faire caca" fièrement scandé par mon aîné, pas de sac à langer, pas de regards exaspérés, juste le silence, Drake, le soleil, et moi.
J’adore Anna Gavalda. J’ai lu 100 fois « Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part » en rêvant qu’un jour je croiserai sur ma route « quelqu’un » comme ceux qu’elle décrit. Les timides, les écorchés, les forts, les sensibles, ceux qui sont un peu tout ça à la fois. J’aimais les gares et j’aimais cette fille nue à la fin qui s’enveloppe juste d’un ruban pour dire à un mec qu’elle l’aime. C’est Anna Gavalda qui m’a fait lire en dehors du collège et c’est sûrement elle qui m’a donné envie d’écrire. Aujourd’hui j’ai marché seule dans la Gare Montparnasse -ma préférée- en ayant hâte de les retrouver tous les 3. Et aujourd’hui au moment d’embarquer j’ai réalisé que j’avais quelqu’un qui m’attendait quelque part. Ça fait 9 ans mais après 4 nuits loin de lui, j’ai l’impression que c’était hier, l’époque où je me remaquillais même tard le soir, juste avant de le voir, que j’avais toujours des chewing-gums et que j’appuyais deux fois sur son bras avec mon doigt pour dire je t’aime sans utiliser de mots. J’ai toujours le cœur qui bondit quand il me regarde comme ça, toujours un sourire bête au téléphone et toujours du mal à raccrocher la première. Je sais que tu m’attendra toujours quelque part mon amour, maintenant, viens me chercher.
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Le train démarre. Le soleil chauffe doucement à travers la vitre. La première classe est confortable, mon chargeur est en place, la voix grave de Drake résonne dans mes oreilles et je suis bien. Je pense à eux, je pense à lui, j'ai vécu pendant 4 jours comme une célibataire sans enfants, alors je me surprends même à m’agacer face au petit garçon qui court, hurle, baisse et relève 30 fois à la minute la tablette du fauteuil derrière le mien. La maman en moi est endormie. Un voyage paisible, pas de berceuse à chanter, pas de tétine à ramasser ni de "pas grave, elle est tombée du bon côté", pas de purée à réchauffer, pas de gommettes à coller, pas de petits personnages à faire parler, pas de "je veux faire caca" fièrement scandé par mon aîné, pas de sac à langer, pas de regards exaspérés, juste le silence, Drake, le soleil, et moi.
21:24, arrivée à Dax. Son visage bronzé, son sourire inoubliable et ses nouvelles du front. Les vacances commencent et il paraît qu’elles n’ont pas la même saveur avec deux enfants. Il
me parle d’Aaron qui ne le lâche pas d’une semelle, de Neva qui
s’énerve quand les choses sont trop lentes pour elle, des nuits avec les
ronflements de l’un et les réveils tétine de l’autre. Du biberon à 7h00 et des couchers, négociés par litres de larmes, chaque jour un
peu plus plus tard. Quand je les retrouve,
Neva est debout dans son lit parapluie et me sourit. Aaron dort avec la
douceur caractéristique de son visage et je l’embrasse comme si je ne
l’avais pas vu depuis 2 ans. Je kidnappe ma fille hors de la chambre et
je prends ce temps qui m’a manqué avec elle, tellement. Ce soir-là, comme un avertissement caché, je
mettrai plus de deux heures pour la rendormir. La bercer au bras, se
papouiller allongées dans le canapé, faire semblant de dormir, rien
n’aura marché. Je finirai par crier silencieusement victoire vers 1h du
matin avant de rejoindre mon amoureux déjà épuisé des quelques jours
passés. Les vacances des enfants ont commencé. Et pour la
première fois, on a dû admettre qu’on était épuisés. Je suis tombée dans
la spirale du stress. Le jour se levait et nous avec, débordés, déjà.
Donner le biberon, jouer aux lego, répondre au milliard de questions, appliquer
la crème, se baigner, inventer des jeux, à table, finis ton assiette, oui
des frites, bon si tu veux, comment, une glace, euh demande à ton père,
c’est bon, elle dort, Aaron veut faire un toboggan, où sont les brassards, il faut les regonfler, Aaron a détesté le
toboggan, ah bah elle est réveillée, tu lui donnes le goûter, pourquoi
la glace est carrée, je sais pas c’est comme ça, mange elle fond, ça
coule partout, donne moi un mouchoir, allez dernière baignade après on
rentre, on est des crocodiles, c’est toi qui m’attrape, non ne
pleure pas si tu veux c’est moi qui t’attrape, ce n’est pas si grave
enfin, "pour toi c’est très grave", ok, alors je suis un crocodileeee, Aaron
a peur du grand bain, Neva n’aime aucune purée que je lui fais c’est
bien la peine d’aller au marché et de passer 20 minutes à éplucher,
cuire à la vapeur et mixer, allez on rentre, c’est l’heure de la
douche, pourquoi une douche, ben parce qu’il y a pas de baignoire,
pourquoi y a pas de baignoire, parce que c’est comme ça, penche la tête
en arrière si tu ne veux pas d’eau dans les yeux, ne hurle pas si tu te penches c’est normal que les gouttes coulent sur ton visage,
c’est pas de l’acide quand même, c’est de l’eau, à ton
tour Neva, non Neva on ne démonte pas le pommeau, non Neva on ne touche pas
le rasoir, non Neva on ne mange pas le flacon de gel douche, Neva hurle
quand elle est allongée, Neva ne veut pas s’habiller, Neva tourne la
tête quand c’est le tour de la compote, Neva pleure de jalousie quand on
mange après elle comme si elle était à jeun depuis la veille. À table
tout le monde (et dites moi qu'il y a du rosé).
Les nuit blanches à 4,
l’angoisse quand l’un de nous se retourne et fait trop de bruit, la panique quand on aperçoit Neva qui s’assoit d'un coup, en plein milieu de la nuit, putain il est 5h00, qu’est ce qu’elle
fabrique, finalement la voir se rallonger, et souffler. Un peu.
Mon amoureux me manque. Je
n’ai jamais vraiment envisagé de partir en vacances sans mes enfants. On a tenté l’expérience, quand Aaron avait deux ans, pour suivre
une bande d’amis. On s’offre de temps en temps des escapades d’une nuit ou deux. Pour se retrouver. Pendant ces vacances intenses, ça nous a manqué. Malgré les bras prêts à nous aider, la famille jamais loin pour
nous soulager, il m’a manqué. J’aurai 30 ans dans 2 semaines et j’en ai
toujours 15 pour lui. Je peux inventer toutes les histoires de
crocodiles pour nos enfants, mais je ne peux pas m’épanouir sans notre
complicité. On a beau avoir deux enfants, il paraît qu’on n'est pas que des parents.
Vous
avez déjà joué au Sims ? Quand on joue au Sims on fabrique une maison, choisit des meubles, invente des personnages. Et surtout
après on les fait vivre. Ils ont une barre de ressenti, vie sociale,
propreté, fatigue, elle est verte quand elle est pleine et vire au rouge
quand elle descend. Moi j’ai pareil, je lui dis tout le temps. « Ma
barre est toute petite ». Je peux dormir 4h par nuit, je peux bosser le
weekend, je peux passer l’équivalent d'un Titanic par jour dans les transports. Je peux me passer de macdo, de fringues, de soleil. Si ma
barre d’amour est petite, je ne suis plus rien. Un fantôme, je ne
ressens plus, ni le vent dehors, ni les papillons là-dedans. Quand elle
est verte, le monde est à moi. Donne-moi la main, vole-moi un baiser,
c’est bizarre l’amour, soudain tout va bien. Le bleu du ciel, les rires
des enfants, la fatigue peut aller se terrer, la vie est belle.
C’est
facile de se faire la guerre, c’est tellement meilleur de nous offrir
la paix. Les vacances ont été plus difficiles cette année. Est-ce l’âge
respectif des enfants ? La soif de marche de Neva et l’énergie d’Aaron ?
On a dû s’adapter. Chaque jour l’un après l’autre. Parfois avec
lassitude, parfois avec enthousiasme. Après la pluie vient le beau
temps. Encore une fois, même constat dans cette vie de parents, tout va
toujours mieux quand on gère avec le sourire, à deux. Tu sautes, je
saute.
On nous bassine avec l’éducation
bienveillante mais on a oublié d’appliquer les mêmes principes à notre
couple. Dire qu'un jour, dans 20 ans, demain peut-être, nos enfants seront grands. Ils diront qu'ils n'ont besoin de rien. Ils vivront de l'eau fraîche de la jeunesse, celle à qui le monde appartient. Ils dormiront jusqu'à midi et voudront faire leurs trajets tous seuls. Ils auront une vie d'adulte à écrire, et on les attendra avec un poulet rôti le week-end quand leur emploi du temps le permettra. Il leur restera quelque part un petit bout de souvenir de ces vacances, de l'odeur de la crème solaire et de la sensation des brassards qui ne glissent pas bien sur la peau. Ils auront une vie à vivre, armés de notre amour et de ce qu'on aura su leur léguer jusqu'à ce moment précis. Ce jour-là, il ne restera que nous deux. En amoureux. Comme au premier jour ? J'espère bien, j'ai dit oui un beau jour de mai, je lui ai promis. Et si la bienveillance ne marchait pas qu'avec les enfants ? Et si je lui parlais sans aboyer ? Et si je lui proposais de
prendre le relais? Et si je me levais ce matin en me demandant ce qui
pourrait bien lui faire plaisir aujourd’hui, rien qu’à lui ? Et si on
arrêtait d’être dans l’affrontement ? Et si on était une équipe de choc à
nouveau ? Et si je lui disais comme je le trouve beau ?
On
s’est aidés à surmonter notre stress et on s’est organisés. Les jours
ont passé. Et puis sans qu'on s'en aperçoive, le soleil revient. Aaron aime nager dans le grand bain. Il demande à
aller là où il n’est pas « à pieds ». Neva a eu un fou rire après sa
douche quand je l’ai habillée. Aaron a bronzé. Neva la sirène ne sait
pas encore marcher mais elle court dans la pataugeoire grâce à sa
bouée. Cette nuit on a dormi. Neva dit papa. Aaron a gagné une peluche
Chase et un Dark Vador dans les attrape-nigauds. Neva est blonde. Aaron
aime la glace à la menthe. Neva sent la brioche, toujours. Aaron sait
imiter le chef des Huns. Le dernier soir on a réussi à attraper la peluche lapin. Ils font la sieste à l’ombre des parasols et
nous on se sourit juste pour le plaisir. Tiens, si on sortait ce soir ?
Donne-moi la main, vole-moi un baiser.
Ma barre est remplie. Toi et moi c’est pour la vie.
Donne-moi la main, vole-moi un baiser.
Ma barre est remplie. Toi et moi c’est pour la vie.
© Ourson Chéri |
Commentaires
Camille
Je vous souhaite une année pleine d amour et de moments savoureux à partager tous les 4 et surtout tous les 2
Continue d'écrire. Tes textes sont parfaits